Le bulletin scolaire de fin d'année traumatise les écoliers tchèques

L'année scolaire arrive à son terme et paradoxalement, c'est la peur au ventre que certains élèves voient s'approcher cette échéance redoutée. C'est qu'en République tchèque peut-être plus qu'ailleurs, une grande attention est portée aux notes du bulletin scolaire de fin d'année. Guillaume Narguet se fait l'avocat des petites canailles usant leurs fonds de culottes au fond de la classe.

Le cartable négligemment jeté dans un coin de la cuisine au retour de l'école, la tartine au beurre et à la confiture avalée en quatrième vitesse pour rejoindre le copain poireautant ballon en mains... il est trop tard pour Maman, le fiston s'est déjà enfui en courant d'air et les devoirs du soir attendront donc. La représentation de ces gentils cancres rêvassant pendant le cours de maths de leur cabane au fond du jardin ou de la pêche aux têtards du samedi est caricaturale. Car pour nombre d'élèves tchèques, cette douce idylle prend fin et se transforme parfois même en cauchemar le jour de la remise des bulletins scolaires de fin d'année. C'est qu'en plus des mauvaises notes obtenues tout au long de l'année et des aigres remontrances sempiternellement rengainées par l'institutrice, c'est le jugement sévère de parents apeurés par l'avenir qui les attend.

L'évaluation du travail des élèves tchèques se fait par un système de notification allant de un à cinq. Le "un" est la meilleure note possible et signifie que le travail est considéré comme excellent. Le "cinq" vient en revanche sanctionner les insuffisances des élèves. Une estimation traditionnelle du travail scolaire manquant parfois d'objectivité et qui comporterait l'inconvénient notable de stresser les enfants. Car par la notation, c'est un classement rendant peu compte de la valeur et des capacités des élèves qui s'instaure. Or, le problème du système scolaire tchèque, du primaire au supérieur, est justement de reposer presque exclusivement sur la performance et la concurrence. Peu de place est laissée à la liberté d'expression de l'enfant, à la discussion. Celui-ci se doit avant tout d'étaler des connaissances encyclopédiques apprises par c'ur qui, par la suite, ne lui serviront pas forcément à grand-chose. Alors que faire? Dans l'immédiat, pas grand-chose. Les réformes du système éducatif, même lorsqu'elles s'avèrent indispensables, sont toujours lentes et compliquées. Pas une raison toutefois pour ne pas donner la possibilité aux cancres de rêver à voix haute au premier rang de la classe.