« Premier reality show politique » en Tchéquie. C'est ainsi que certains quotidiens qualifient la rencontre entre la représentation de la coalition gouvernementale et celle de la social-démocratie, retransmise en direct par la chaîne publique d'informations CT24. Déroulement et dénouement d'une réunion qui devait décider de l'avenir du pays.
Jiri Paroubek avec, photo: CTK
S'il s'agissait vraiment d'un « show » télévisé, comme l'insinuent certains commentaires, les spectateurs sont restés sur leur faim tout comme les protagonistes sur leurs positions. La rencontre a eu lieu dans la salle de réunion du bureau du président de la Chambre des députés, Miroslav Vlcek. Une première : les caméras de la Télévision tchèque, de sa chaîne CT24, étaient présentes, tout comme celles d'autres chaînes, pour réaliser un « direct » inédit. Initiative des sociaux-démocrates ? Peut-être, car leur président Jiri Paroubek avait évoqué la possibilité d'une retransmission en direct de la réunion, après la nomination du deuxième cabinet de Mirek Topolanek, leader du Parti civique démocrate et Premier ministre, afin que, selon ses dires, il n'y ait aucune déformation dans l'interprétation des propos des différentes parties. Néanmoins, personne n'y croyait vraiment, à tel point que le porte-parole gouvernemental, Martin Schmarcz s'est exclamé, en entrant dans la salle de réunion : « Personne ne nous l'a dit à l'avance ! » Qu'est-ce que le spectateur a pu voir ? Une sorte de dialogue de sourds : la coalition gouvernementale a défendu la composition du cabinet et son programme, le Premier ministre allant même jusqu'à tenter de persuader le président des sociaux-démocrates de jouer un rôle respectable dans l'opposition. Les sociaux-démocrates ont répondu par la publication, encore avant la réunion, d'une déclaration intitulée « Les dix conditions du programme social-démocrate » qui serait contraire au programme de la coalition qu'ils refusent. Il s'agit du budget, des garanties sociales, de la position de la Tchéquie au sein de l'Union européenne, de l'énergétique, mais aussi de la composition du cabinet. A l'issue de la réunion, le Premier ministre, Mirek Topolanek, déclarait à l'égard de la présence de la télévision:
Mirek Topolanek, photo: CTK
« Cela ne m'a pas importuné, je ne m'y attendais pas. De toute manière, les débats ne se sont jamais déroulés autrement. Peut-être que nous n'avons pas tombé les vestes aujourd'hui, qu'il y a d'habitude moins de formalités. Des rencontres comme celle-là, j'en ai vécues des dizaines au cours des derniers mois, donc rien d'anormal. »
Jiri Paroubek avec Jiri Cunek, photo: CTK
Le cabinet devrait demander la confiance de la Chambre des députés le 19 janvier, d'après le quotidien de gauche Pravo. La coalition du Parti civique démocrate, des chrétiens-démocrates et des Verts va tenter de persuader au moins un député social-démocrate de lui accorder sa confiance, car elle ne dispose que de la moitié des voix à la Chambre, face à la social-démocratie et aux communistes. Le chef des sociaux-démocrates, Jiri Paroubek, est sûr de ces troupes :
« L'imposition unique, donc la hausse de la TVA sur les denrées alimentaires et les médicaments... Vraiment, une offre intéressante pour nos députés. Je n'arrive pas à me représenter qu'un seul d'entre eux voterait pour. Je n'ai aucune crainte en ce qui concerne le vote de confiance. »
Le spectateur tchèque devra donc attendre le résultat du vote de confiance à la Chambre des députés pour connaître, peut-être, le dénouement d'un feuilleton qui dure depuis les législatives de juin dernier.