Le deuxième gouvernement Babiš sollicite la confiance des députés

Andrej Babiš, photo : ČTK / Michal Krumphanzl

Le deuxième gouvernement d’Andrej Babiš sollicite ce mercredi la confiance des députés. Après l’échec de son précédent cabinet minoritaire, le vainqueur des élections législatives d’octobre dernier souhaite que la Chambre basse du Parlement entérine l’existence de son gouvernement de coalition formé avec les sociaux-démocrates et soutenu par le parti communiste.

La Chambre basse du Parlement,  photo : ČTK / Michal Krumphanzl
263 jours après les dernières élections législatives, la République tchèque peut espérer avoir enfin un gouvernement stable, bénéficiant de la confiance du Parlement. Mardi, les représentants du mouvement ANO, vainqueur de ce scrutin, ont signé avec leur partenaire social-démocrate l’accord de coalition, socle sur lequel repose leur coopération future. Dans la foulée, les représentants du parti communiste ont pour leur part signé un accord de « tolérance », dans lequel ils s’engagent à soutenir cette coalition. Un soutien nécessaire, car sans les 15 députés communistes, ANO et le parti social-démocrate ne disposent que de 93 voix sur 200 à la Chambre basse, donc un chiffre insuffisant pour avoir une majorité.

Le soutien du parti communiste suscite d’ailleurs le plus de crispations, que ce soit dans certaines franges de la population, ou dans les rangs de l’opposition. C’est en effet la première fois depuis la chute du régime communiste en 1989 que le parti, jamais réformé et qui n’a pas jugé nécessaire de faire son mea culpa, se retrouve en position de peser dans la balance au niveau de l’exécutif. A un an du trentième anniversaire de la révolution de Velours, et alors que l’on commémore cette année les 50 ans de l’écrasement du Printemps de Prague par les troupes du pacte de Varsovie, l’ironie de la situation n’a échappé à personne. Et c’est ce soutien communiste qui est d’ailleurs invoqué par l’ancien ministre de l’Intérieur social-démocrate Milan Chovanec pour justifier sa décision de ne pas voter la confiance ce mercredi.

Andrej Babiš,  photo : ČTK / Michal Krumphanzl
Autre sujet qui fait grincer les dents, et qui a d’ailleurs révélé d’importantes lignes de fracture au sein du parti social-démocrate : les poursuites judiciaires dont fait actuellement l’objet le Premier ministre Andrej Babiš (ANO), dont la société, Agrofert, est soupçonnée d'avoir bénéficié illégalement de subventions européennes normalement destinées aux petites et moyennes entreprises. En outre, pour une fraction importante des sociaux-démocrates, partager à nouveau le pouvoir avec le mouvement ANO, comme lors de la précédente législature, n’était pas forcément une idée lumineuse après leur défaite cuisante aux dernières législatives.

Les négociations gouvernementales ont été âpres, après la démission du premier gouvernement Babiš auquel les députés avaient refusé la confiance en janvier dernier. Des négociations parfois interrompues, puis reprises, des dissensions autour de certaines personnalités politiques pour les ministères à pourvoir, une pression non-dissimulée du côté des communistes imposant plusieurs conditions à leur soutien, ont émaillé ces derniers mois.

Taťána Malá,  foto: ČTK / Vít Šimánek
Dernier rebondissement en date dans cet interminable feuilleton gouvernemental, la polémique autour du nom du social-démocrate Miroslav Poche, pressenti aux Affaires étrangères mais persona non grata pour le chef de l’Etat, Miloš Zeman, puis la démission expresse, lundi soir, de la ministre de la Justice Taťána Malá (ANO), soupçonnée d’avoir plagié son travail de doctorat.

Ce mercredi, défilent donc depuis ce matin à la tribune les leaders des différents partis : la longue liste des discours a été inaugurée par le président Zeman, qui a exprimé son espoir de voir les députés accorder leur confiance au gouvernement, suivi par le Premier ministre Andrej Babiš qui a longuement (1h 40 contre 50 minutes lors de son discours de décembre dernier !) développé les six priorités de son cabinet, et de son partenaire de coalition, le social-démocrate Jan Hamáček, qui en trois minutes chrono, a promis de faire respecter les éléments « de gauche » présents dans le programme. Le leader des communistes Vojtěch Filip, conscient de l’opposition que suscite leur soutien, et alors que plusieurs mouvements de protestation se déroulent devant le Parlement, a pour sa part tenu à rappeler que son parti, membre de l’échiquier parlementaire, avait autant de légitimité que d’autres à influencer la politique du pays.

Miroslav Kalousek,  photo : Luboš Vedral,  ČRo
Le reste des débats s’est caractérisé par l’intervention des différents leaders de l’opposition, vent debout contre le gouvernement, comme le chef du parti d’extrême-droite, Tomio Okamura, celui du parti de droite ODS, Petr Fiala, celui du parti TOP 09 Miroslav Kalousek, celui du mouvement des Maires et Indépendants (STAN), Jan Farský et celui des chrétiens-démocrates Pavel Bělobrádek.

A l’heure où nous enregistrons notre émission, les débats à l’Assemblée venaient seulement de reprendre après la pause déjeuner. Suivez la suite de ce vote crucial dans nos informations en continu et sur les réseaux sociaux.