Le forum SEYS ou quand les jeunes de 30 ans doivent penser leur avenir

Les 21 et 22 février, Prague accueillait la toute première édition du SEYS, le Successor's European Youth Summit. Un rassemblement des trentenaires, représentants pour leur génération dans les domaines de l'entreprise, de la politique, du commerce, des arts, de la recherche...

C'est sous les plafonds Art Nouveau de la salle Smetana de la Maison municipale qu'ils s'étaient réunis, tous ces « jeunes » managers issus de 33 pays et autres futurs « bâtisseurs de demain » comme on pouvait l'entendre lors des discours inauguraux de mardi. Un projet né il y a plus d'un an, au forum économique de Davos, d'après Karel Havlicek, président du Comité international du SEYS :

« Seys se veut une réunion de la jeune génération avec la plus ancienne, c'est-à-dire avec ceux qui pourraient leur transmettre leur expérience. En gros, et c'est d'ailleurs le slogan du forum, la rencontre de ceux qui ont forgé l'avenir avec ceux qui vont le constuire. »

Globalisation, environnement, santé, progrès social, éducation, intégration européenne, des thématiques ambitieuses puisqu'il ne s'agit rien moins que de réfléchir sur ces problèmes actuels dont, comme le veut la formule, tout le monde parle, sans lever le petit doigt. Avec le risque quand même que cette rencontre qui, pour Karel Havlicek, ne doit être que la première d'une longue série qu'accueillerait régulièrement Prague, n'apparaisse comme l'énième rencontre d'une élite faisant d'énièmes beaux discours. Alors, le SEYS est-il une gageure ? Karel Havlicek :

« Naturellement, il y aura des conclusions, il y aura une déclaration, mais gardons les pieds sur terre et n'imaginons pas qu'un groupe de 400 personnes, quand bien même sont-ils cultivés, pourra régler quoique ce soit. La question n'est pas de trouver une solution ou de dire : ça va être comme ceci ou comme cela. L'intérêt, c'est que selon moi, ces personnes doivent se rencontrer. Si l'on parle de la génération qui arrive, de celle qui doit construire le futur, elle devrait formuler une opinion. Cela ne veut pas dire : être d'accord avec tout, cela veut dire écouter et en tirer des conclusions. Prenons cela comme un forum de discussion, d'échanges de points de vue et d'écoute. »

Vaclav Havel
En tout cas, les personnalités étaient au rendez-vous : après un discours du Premier ministre, Jiri Paroubek, c'est Frantisek Janouch, physicien nucléaire et ancien signataire de la Charte 77 qui a appelé les participants à relever le défi d'une construction équilibrée et saine de l'avenir. La présence de Daniel Cohn-Bendit avait sans nul doute valeur de symbole fort, puisque l'ancien Dany le Rouge des barricades de Mai 1968 à Paris est aujourd'hui eurodéputé vert à Strasbourg. Il a d'ailleurs largement insisté et fait la promotion du sens et de l'importance de la construction européenne, moteur d'après lui d'une certaine idée de la démocratie et de la vie en commun. L'ex-président tchèque et ex-dissident Vaclav Havel a lui aussi donné au forum sa caution morale : il a critiqué le profit rapide et à tout crin, et a appelé les jeunes managers présents à « ne pas confondre économie et comptabilité » lorsqu'ils seront amenés à gérer leurs pays. Il a aussi montré du doigt les zones industrielles et commerciales qui défigurent aujourd'hui les abords des villes tchèques et moraves.

L'objectif du Comité international, composé de 13 représentants venus de tous horizons, justement représentatifs de ces trentenaires qui réussissent, est d'animer le forum, mais surtout d'être le fil conducteur qui en transmettra les enjeux. Peggy Vicrobeck, de la société Air France, en fait partie :

« Au-delà du forum, il faudra bien faire un suivi, prendre en compte ce qui aura été dit, le faire partager partout, que ce soit dans les pays d'origine des membres de ce comité ou les entreprises des pays concernés, et puis faire en sorte que ces idées se concrétisent. »