Le jour des morts, des âmes trépassées - Dusicky

Salut à tous, les tchécophiles de Radio Prague - Ahoj vám vsem, milovnikum cestiny Radia Praha. Le début du mois de novembre a été marqué pour les catholiques par deux fêtes au sens profond: l'une joyeuse, le 1er novembre, la Toussaint - Svátek Vsech Svatych, qui, en français comme en tchèque, signifie littéralement la fête de Tous les Saints, et l'autre, plus triste, le 2 novembre, le jour des morts - den Dusicek ou Dusicky, dont la traduction en tchèque veut dire plus précisément le "jour" - den, "des âmes" - dusicky, le jour des âmes trépassées.

Salut à tous, les tchécophiles de Radio Prague - Ahoj vám všem, milovníkům češtiny Radia Praha. Le début du mois de novembre a été marqué pour les catholiques par deux fêtes au sens profond: l'une joyeuse, le 1er novembre, la Toussaint - Svátek Všech Svatých, qui, en français comme en tchèque, signifie littéralement la fête de Tous les Saints, et l'autre, plus triste, le 2 novembre, le jour des morts - den Dušiček ou Dušičky, dont la traduction en tchèque veut dire plus précisément le "jour" - den, "des âmes" - dušičky, le jour des âmes trépassées. Ces deux fêtes sont généralement confondues, les gens pensant, à tort, que la Toussaint est la fête des morts. Afin de remettre quelque peu les choses en place, nous allons donc, dans ce quarante-huitième numéro du « Tchèque du bout de la langue », nous intéresser non pas aux saints, mais bel et bien à ce jour des morts et de leurs âmes, en un mot aux Dušičky.



Avant de concentrer notre attention sur le mot tchèque "duše » - âme, il convient de rappeler l'origine de la fête de la Toussaint - Svátek Všesh Svatých. Cette fête - svátek, fut instituée en France et en Allemagne sur l'ordre de l'empereur Louis le pieux en 835. Sa célébration, le 1er novembre, était en fait un essai de l'Eglise pour donner un aspect de christianisme à un ancien rite celtique. Pour les Celtes, en effet, qui divisaient l'année en deux saisons, l'hiver et l'été, le 1er novembre était une date importante puisqu'elle marquait le début de l'année. Il s'agissait dont d'une fête de passage, la fin de l'été marquant le début de l'hiver. Cette fête, dite de « Samain », qui en irlandais signifie « fin de l'été », était aussi celle des morts et de la communication entre les vivants et les morts. Les vivants pouvaient s'engager dans le domaine des dieux et des défunts, tandis que les esprits et les fantômes pouvaient revenir sur terre. L'Eglise, qui, au VIIe siècle déjà, au panthéon de Rome, avait institué le culte des saints catholiques, voulut donc substituer ceux-ci comme objets d'adoration aux âmes des morts. Mais cette tentaive se solda par un échec puisque les croyances et la superstition populaires restaint toujours bien ancrées chez les gens. Du coup, au Xe siècle, une fête des morts fut intégrée par l'Eglise au calendrier à la date du 2 novembre.



Tout cela précisé, nous pouvons désormais nous intéresser aux âmes tchèques - dušičky, et plus particulièrement aux expressions qui s'y rapportent. Le dictionnaire phraséologique tchèque fait état de nombreux idiomes relatifs à l'âme - duše. Ainsi, pour désigner une personne qui marche et avance sans but précis, on peut dire "chodí jako bludná duše », soit l'équivalent de l'expression française « il erre comme une âme en peine », ou encore « chodí jako tělo bez duše », soit littéralement « il erre comme un corps sans âme ». Autre exemple, d'un élève révasseur, qui n'écoute pas en classe, un instituteur dira qu'il « est absent d'esprit » - je duchem nepřitomný. Pour quelqu'un qui travaille dur, comme un forçat, en sue sang et eau tellement la tâche réclame d'efforts, on peut utiliser l'expression « dřel, div duši nevypustil », soit « il a tellement trimé que c'est un miracle qu'il n'ait pas rendu l'âme ».



Mais pour en revenir à la notion de vie - život, et de mort - smrt, mentionnons les expressions suivantes : de certaines personnes âgées qui vivent très longtemps, trop longtemps, et qui ne peuvent pas mourir, les Tchèques disent parfois qu'ils ont « l'âme séchée » - « mít zaschlou duši". Lorsque l'on arrive dans un endroit complétement vide, où il n'y a personne, on a souvent recours à l'image "není tam živé duše », soit traduit mot à mot « il n'y a pas d'âme vivante » ou plutôt « il n'y a nulle âme qui vive ».



Enfin, en rapport avec le Jour des âmes trépassées - den Dušiček, citons encore l'expression "odevzdat duši Bohu », c'est à dire « rendre, confier son âme à Dieu ».



Là-dessus prend fin ce « Tchèque du bout de la langue » consacré à l'âme - duše. La semaine prochaine, nous nous intéresserons à un autre thème très proche de celui-ci et aux fêtes que nous venons d'évoquer, la mort - smrt. D'ici-là, que le soleil brille quand même en vous, dans vos âmes - slunce v duši. Que ce soleil brille de mille feux comme les bougies le jour de la fête des morts - "svití, hoří to jako za dušičky ». Salut et à bientôt - Zatím ahoj !