Le ministre de l’Intérieur dément une hausse de la criminalité imputable aux étrangers
Le ministre de l’Intérieur, Vít Rakušan, a indiqué en conférence de presse, dimanche, que le taux de criminalité dans le pays n’était pas corrélé à la hausse du nombre d’étrangers résidant en République tchèque. L’intervention du ministre intervient quelques jours seulement après deux affaires d’agressions dans lesquelles seraient impliqués des ressortissants ukrainiens.
Ce dimanche 13 août, le ministre de l’Intérieur (STAN), Vít Rakušan, est revenu en conférence de presse aux côtés du chef de la police tchèque, Martin Vondrášek, sur les chiffres de la criminalité en République tchèque. L’intervention du ministre n’est pas fortuite. La semaine dernière, deux affaires d’agressions physiques ont fait la une des médias, l’une à Plžen, l’autre à Prague. Dans chacune d’elle, un Ukrainien, le premier âgé de 18 ans et le second de 16 ans, est accusé de violences envers une femme.
Vít Rakušan a tout d’abord salué le travail de la police qui a rapidement arrêté l’auteur présumé de l’agression à Plzeň. Il a par la suite tenu à calmer les esprits :
« La République tchèque reste un des pays les plus sûrs au monde. Je comprends bien sûr la nervosité ambiante. Cependant, en de telles circonstances, le mieux reste encore de s’en remettre aux chiffres et aux faits. »
Chiffres à l’appui, le ministre de l’Intérieur a démenti l’idée selon laquelle le taux de criminalité dans le pays aurait sensiblement augmenté à cause des étrangers. Selon Vít Rakušan, « la culpabilité collective n’existe pas en ce qui concerne les actes criminels » :
« En comparaison avec la même période en 2019, la dernière année avant la crise du Covid, nous avons enregistré en République tchèque, cette année, 5 000 crimes et délits de moins. De même, l’augmentation de la criminalité cette année est six fois inférieure à celle observée en 2022. »
« En 2019, 8,2 % des actes criminels en Tchéquie étaient imputables aux étrangers. Les étrangers formaient alors 6 % de la population. A l’heure actuelle, nous approchons les 10 à 11 % d’étrangers résidant sur notre territoire. Or, la criminalité n’a pas sensiblement augmenté […]. Le taux de criminalité attribuable aux étrangers sur le territoire tchèque reste de l’ordre de 11,5 %. »
Le retentissement des deux nouvelles affaires de violences impliquant des Ukrainiens est à mettre en perspective avec les événements de juin lorsqu’un jeune Rom de 23 ans avait été assassiné par un Ukrainien à Brno. L’assassinat avait alors sérieusement attisé les tensions entre les deux communautés.
Sur les réseaux sociaux, l’ancien Premier ministre, et chef de l’opposition, Andrej Babiš (ANO), n’a pas manqué de réagir aux derniers événements et de blâmer, une énième fois, le gouvernement pour sa gestion du pays :
« À cause de ce gouvernement incompétent et menteur, notre sécurité est en péril. Quand nous avions fini [notre mandat], nous [la Tchéquie] étions à la septième place [mondiale], aujourd’hui nous sommes à la douzième. »
De son côté, le président de la République, Petr Pavel, a mis en garde sur les réseaux sociaux contre les risques d’amalgames et dénoncé les tactiques politiciennes :
« La violence et l’agression n’ont ni nationalité ni religion. Nous ne tolérerons pas ce genre de comportement ; peu importe qui est responsable. Cependant, un crime spécifique d’une personne en particulier ne peut pas être imputé à l’ensemble du groupe. Nous avons dans notre histoire de tristes exemples au cours desquels la culpabilité collective a prévalu. Cela a toujours eu des conséquences tragiques. »
« Je suis encore plus surpris par certaines personnes qui n’hésitent pas à exploiter la peur et les émotions négatives pour promouvoir leurs propres intérêts politiques ou renforcer leur stature. Je condamne l’abus de haine, de rage et de panique à des fins politiques. […] Je salue l’attitude de nos citoyens qui demeurent, jusqu’à présent, unis par le souci de justice, de vérité et de solidarité. »