Le palais Petschek, un bâtiment au triste passé

Le palais Petschek

Le palais Petschek, dont la construction s’est achevée en 1929, est un bâtiment bancaire en pierre, de style néoclassique, imposant mais relativement discret, qui se trouve à mi-chemin entre la place Venceslas et la Gare principale de Prague. Nous allons parler de ses caractéristiques artistiques et architecturales avec l’historienne Radomíra Sedláková.

C’est sous l’occupation allemande, pendant la Seconde Guerre mondiale, que ce palais s’est – tristement – inscrit dans l’histoire : il servait de siège à la Gestapo, et des salles de torture avaient été installées au sous-sol. Ce bâtiment était-il, d’une façon ou d’une autre, voué à devenir un lieu de répression et de torture des prisonniers politiques ?

Le palais Petschek | Photo: Elena Horálková,  Radio Prague Int.

« Ce qui est certain, c’est que l’on ne peut certainement pas mettre cela sur le compte de son architecture. Si quelque chose a joué un rôle, c’est plutôt le nom du commanditaire, le banquier Julius Petschek. Car la Gestapo avait occupé presque tous les bâtiments appartenant aux membres de la famille Petschek, qui était d’origine juive – et pas seulement les villas familiales, mais également les propriétés de leurs proches et de leurs collaborateurs. Par ailleurs, la proximité de ce palais avec la Gare principale a sans doute joué un rôle important, et peut-être aussi avec Vrchlického sady (les jardins Vrchlický) Ainsi, tout ce qui se déroulait dans le palais n’avait que peu de témoins... »

Le palais Petschek | Photo: Elena Horálková,  Radio Prague Int.

« Comme la plupart des propriétés de la famille Petschek, le palais Petschek est trompeur : il date de la fin des années 1920, ce que ne laisse en rien paraître sa structure historicisante, de style néo-classique, comme trois des grandes villas de la famille. C’est l’architecte Max Spielmann qui est l’auteur de tous ces bâtiments. Il a pensé ce palais pour qu’il se fonde dans le décor, pour que personne ne réalise qu’il s’agissait d’un bâtiment neuf. Comme sa structure, la façade et certains des intérieurs du palais Petschek sont trompeurs... Très sophistiquée, son ossature en béton armé disposait de toutes les commodités techniques les plus modernes pour l’époque : climatisation, chauffage central, poste pneumatique, vide-ordures, etc. C’était d’ailleurs ce que souhaitait Julius Petschek : un équipement technique à la pointe du progrès dans une ambiance de château. »

De château, voire surannée... On pourrait même aller jusqu’à dire passéiste ?

Le palais Petschek | Photo: Elena Horálková,  Radio Prague Int.

« Je n’irais pas jusque-là. La famille Petschek s’est peut-être plutôt inspirée de certaines maisons de campagne françaises. On dit des années 1920 en terres tchèques qu’elles ont été l’apogée du fonctionnalisme et de l’architecture moderne. Mais dans les faits, à Prague, ce type d’architecture ne compte que pour 10 % des bâtiments environ. A cette époque, on construisait plutôt dans des styles traditionnels... Cette volonté de quelque chose de traditionnel a longtemps perduré. Ce n’est pas du jour au lendemain que l’on s’est mis à construire des bâtiments aux murs lisses, aux fenêtres sobres et aux intérieurs nus. »

En quoi le palais Petschek mérite-t-il d’être visité ?

Le palais Petschek | Photo: Elena Horálková,  Radio Prague Int.

« Il faut le visiter pour ne pas oublier les horreurs de la Seconde Guerre mondiale. Mais cela n’a rien à voir avec l’architecture du bâtiment. Je pense que la plupart des gens passent devant le palais Petschek sans même le remarquer, sans se douter qu’il s’agit d’un bâtiment des années 1920. C’est un compliment que je fais à ce bâtiment : si Prague n’était faite que de bâtiments épatants, on deviendrait fous ! Pour qu’un bâtiment se démarque, il faut qu’il soit entouré de bâtiments plus anodins. Le palais Petschek est de ceux-là. »

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Auteur: Libor Kukal
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