Le président de la République et les politiciens

Le président de la République n'est pas toujours d'accord avec les formations politiques. Il leur donne souvent raison, mais tout aussi souvent, il sait imposer sa volonté. Alain Slivinsky.

Le Président Vaclav Havel vient de signer la loi levant le secret sur les archives de l'ancienne police secrète communiste, la StB. Cela veut dire que, plus de douze ans après la chute du communisme en Tchécoslovaquie, neuf années après la naissance de la République tchèque, les citoyens pourront consulter la plupart des documents de la StB. Le chef de l'Etat a signé cette loi, acceptant donc les idées des formations politiques, puisque le projet de loi avait été adopté par la Chambre des députés et le Sénat. Pourtant, Vaclav Havel a émis quelques réserves sur l'application de la loi : Elle pourrait présenter certains dangers. En effet, des informations fausses ou déformées pourraient faire leur apparition, la loi devrait entrer en vigueur au printemps et, par exemple, les listes des agents et confidents de l'ancienne police secrète communiste, pas toujours crédibles, deviendraient publiques. Dans une autre affaire, Vaclav Havel a tenu tête aux politiciens : il a réussi à gagner à sa cause le Sénat pour la nomination d'Eliska Wagnerova, jusqu'à maintenant présidente de la Cour suprême, à la fonction de juge de la Cour constitutionnelle. Bien que la nomination des juges soit de la pleine compétence du chef de l'Etat, sa décision étant conditionnée par l'accord du Sénat, bon nombre de politiciens étaient contre cette nomination. Le président de la Chambre, Vaclav Klaus, le ministre de la Justice, Jaroslav Bures, avaient rigoureusement critiqué Vaclav Havel. Certains sénateurs aussi, humiliés par le fait qu'ils avaient appris la décision du Président, par la voie de la presse. Vaclav Havel a opté pour un jeu franc : il s'est rendu au Sénat, pour y prononcer un discours agréable à l'ouïe des sages de la chambre haute du Parlement et... gagner les voix de 40 d'entre eux. La majorité donc, sur 70 sénateurs présents. Une petite bataille amicale, gagnée entre le Président et les partis politiques, ses derniers bien désireux d'empiéter encore sur les pouvoirs, déjà restreints, du chef de l'Etat tchèque. Mais cela sera pour le successeur de Vaclav Havel, l'an prochain.