Le retour des Tchèques de Volynie
Il y a dix ans, les Tchèques de Volynie - minorité vivant depuis la moitié du IXe siècle en Ukraine - sont revenus dans leur pays d'origine, sur l'invitation du Président Vaclav Havel et du gouvernement tchécoslovaque. Leur retour n'était pas sans problèmes. Astrid Hofmanova.
Voici un peu d'histoire. Les premiers immigrés tchèques sont arrivés en Ukraine et en Russie dans les années 1868-80. Attirés par une terre fertile et les bonnes conditions économiques proposées par le gouvernement tsariste, les Tchèques y ont fondé beaucoup de communes pour créer une minorité importante sur le plan économique et culturel. Mais, après l'avènement du régime communiste et la Seconde Guerre mondiale, la majorité des Tchèques de Volynie veulent retourner dans le pays de leurs ancêtres. La première vague de rapatriement, environ 40 000 personnes, a eu lieu en 1947, sur la base d'un accord intergouvernemental sur le rapatriement en Bohême et en Moravie. Puis, il fallait attendre quarante ans pour que d'autres compatriotes puissent revenir, cette fois-ci de régions touchées par la catastrophe nucléaire de Tchernobyl. Ainsi, dans les années 1991-93, 1812 compatriotes se sont installés en République tchèque. Ils y ont trouvé le travail, reçu des logements, le plus souvent dans des villes quittées par l'armée soviétique, et ils ont obtenu la carte de long séjour. Le gouvernement fédéral d'alors leur a promis aussi l'octroi immédiat de la citoyenneté mais il n'a pas rempli cette promesse. C'est pourquoi les Tchèques de Volynie allaient affronter une série de problèmes concernant l'emploi, la formation ou les soins sanitaires. La situation s'est améliorée en 1995, lorsque le Parlement a approuvé un amendement de loi sur l'octroi et la perte de la citoyenneté : ils ne devaient plus attendre cinq ans pour l'obtenir. Mais un autre problème n'a pas tardé à ressurgir. Celui des pensions retraite. L'Accord sur l'assurance sociale entre la République tchèque et l'Union soviétique datant de 1959 a expiré l'année dernière ; la majorité des Tchèques de Volynie ne touchent donc que des allocations sociales inférieures à la pension régulière. Pour solutioner ce problème, le cabinet tchèque a élaboré un nouvel accord intergouvernemental qui pourrait entrer en vigueur l'année prochaine. En dépit de tous ces obstacles, les Tchèques de Volynie se plaisent en Tchéquie et ne veulent plus rentrer en Ukraine.