Le sort des objecteurs de conscience sous le régime communiste

'Il ne sortira pas l’épée'

Pour la première fois depuis 1989, d’anciens objecteurs de conscience fournissent leurs témoignages sur les motifs de leur décision et des conséquences qu’elle allait avoir pour leur vie. L’ouvrage intitulé « Il ne sortira pas l’épée » paru ces jours-ci est le premier à documenter le phénomène de refus du service militaire sous le régime communiste.

Avant 1989, le service militaire était obligatoire dans notre pays et durait deux ans. Le régime ne proposait aucune alternative à la conscription, sous forme de service civil ou de remplacement. La prison, au lieu du service armé, était ainsi la seule alternative pour ceux qui refusaient de servir dans l’armée pour des motifs moraux, éthiques, philosophiques, politiques ou religieux. Des témoignages et des documents d’archives réunis dans le livre rapportent que des centaines de jeunes hommes ont été condamnés pour cette raison à des peines de prison ou à des travaux dans des mines.

Plusieurs anciens objecteurs de conscience étaient présents à la sortie du livre. Pour l’un d’entre eux, Jan Hrabina, il s’agissait d’une manifestation de l’opposition au régime :

« Ce n’était pas une décision prise d’un coup, plutôt le résultat d’un processus, d’une résolution à laquelle je suis parvenu : de cesser d’être obéissant au régime totalitaire. »

Vladislav Kirilenko qui a deux fois refusé le service militaire dans les année 80 est membre des témoins de Jéhovah pour lesquels, comme il l’explique, le refus était motivé par des raisons de conscience :

« J’ai refusé en raison de ma conscience, de mon enseignement biblique car la bible nous enseigne à ne pas apprendre la guerre. »

Petr Blažek
Le principe de ne pas punir plus d’une fois pour le même délit n’était pas respecté, aux temps du totalitarisme. Ainsi, les objecteurs de conscience condamnés deux ou plusieurs fois pour le seul et même refus étaient nombreux, précise l’historien Petr Blažek, éditeur du livre :

« Dans la majorité des cas, la peine était de deux ans, au minimum, et elle augmentait, en cas de condamnation répétée, car ces personnes étaient traitées comme des récidivistes. »

Après 1989, les objecteurs de conscience ont pu présenter les demandes de réhabilitation et d’indemnisation. Le règlement de leurs « cas » traîne cependant en longueur. Le ministère de la Défense ne connaît pas le nombre exact de personnes qui ont été punies pendant la période entre 1948 et 1989 pour avoir refusé le service militaire.