Vers la reconnaissance de l’homoparentalité en Tchéquie ?
A partir de ce mercredi, l’association Prague Pride propose une série de sept rencontres, afin de sensibiliser sur la question de l’homoparentalité. Le cadre juridique, l’adoption ou la gestation pour autrui (GPA) seront notamment au centre des débats. A l’heure actuelle, seul l’un des deux membres d’un couple de même sexe peut légalement adopter un enfant. L’homoparentalité est d’autant plus un thème d’actualité, que les parlementaires tchèques s’apprêtent à aborder la question de la légalisation du mariage pour tous.
« Nous avons toujours eu des débats autour de l’homoparentalité pendant le festival Prague Pride, et il y a toujours eu énormément de monde qui souhaitait être conseillés à ce sujet. La nouveauté de cette édition des ‘conférences d’automne’ est que l’on donne plus la parole aux couples LGBT+, et moins aux experts comme les années précédentes. Ce que je trouve davantage intéressant puisque l’on peut partager les expériences avec des parents qui ont déjà adopté. »
Un suivi qui n’est pas inutile à l’heure où adopter un enfant relève du casse-tête administratif. Jusqu’à présent, peu de possibilités s’offraient aux couples de même sexe pour devenir parents :
« Si l’on ne prend en compte que les solutions légales, il n’y a pas beaucoup d’options. Faire appel à une mère porteuse n’est pas légal en République Tchèque. En ce qui concerne l’insémination artificielle en clinique, ce n’est pas officiellement légal par exemple pour deux femmes d’y aller, c’est uniquement réservé aux couples hétérosexuels. Par contre, on ne demande pas aux couples d’être mariés. Donc dans de nombreux cas, les femmes font les démarches avec des hommes qu’elles prétendent être leur compagnon. Par contre, si une femme pacsée avec une autre femme y va avec un homme, elle ne pourra pas être inséminée. »
Concernant l’adoption, quelques évolutions ont été réalisées même si l’on est encore loin de la co-adoption de l’enfant, réclamée par l’association :
« Il y avait une discrimination envers les personnes pacsées qui ne pouvaient pas avoir accès à l’adoption. La loi a changé, il y a deux ans de cela. Depuis les personnes, LGBT+ peuvent adopter, mais seul l’un des deux membres du couple peut adopter. Dans tous les cas, les personnes LGBT+ restent à la fin des listes d’adoption, même si je connais des couples qui ont adopté. Généralement, ils adoptent des enfants d’une autre nationalité ou en situation de handicap. Il n’est donc pas impossible d’adopter. »L’an dernier, les médias tchèques ont suivi les démarches judiciaires de Petr Laně and John Rous, pour autoriser les couples en partenariat enregistré (l’équivalent tchèque du Pacs). Aujourd’hui, la famille a déménagé aux Pays-Bas, ne se sentant plus chez elle en République tchèque. D’après Tereza Pelechová, la loi aura beau changer, il faudra plus de temps pour que les mentalités évoluent. Selon elle, il existe toujours un clivage notable entre Prague et les grandes villes :
« Je pense que la position envers les personnes LGBT+ est à l’image de la situation de notre pays, quelque part au milieu. Nous ne sommes pas des leaders en Europe. Mais nous ne vivons pas ce que vivent les personnes LGBT+ dans les pays de l’Est. Généralement, les gens disent que la République Tchèque est tolérante mais la vérité est que la majorité des gens est indifférente. Ils ne se sentent pas concernés. On peut dire que cela est positif, mais je ne pense que ce le soit vraiment. »
Le Parlement devrait prochainement se prononcer sur la légalisation ou non du mariage pour tous. Si la loi est votée, la République tchèque serait le premier pays de l’ex-bloc soviétique à franchir ce pas. Une nouvelle qui faciliterait également les démarches d’adoption.