Les bulles d'or de Charles IV s'exposent
Aux Archives nationales, on travaille activement à la réalisation d’une copie de l’un des actes les plus importants contresignés par Charles IV, le roi de Bohême et empereur du Saint-Empire. La Bavière souhaite en effet acquérir la reproduction de cet acte, qui concerne directement sa propre histoire, afin de la montrer dans le cadre de l’exposition consacrée au 700e anniversaire de la naissance du souverain, actuellement visible dans la salle du manège Waldstein à Prague, et transférée à Nuremberg à l’automne.
Outre la confirmation des droits du souverain sur le Haut-Palatinat, ces actes ont également un grand intérêt pour l’histoire tchèque elle-même, ainsi que l’expliquait l’historienne Lenka Bobková lors d’une conférence organisée à l’Université Charles :
« Presque tous ces actes sont en lien avec la région de Nuremberg. Deux de ces actes sont encore plus importants, non seulement pour le territoire qu’obtient Charles IV, pour le Haut-Palatinat, mais également pour l’histoire tchèque. L’un est écrit en allemand, l’autre est écrit en latin et c’est le plus célèbre. Dans ce document, Charles incorpore les possessions qu’il a obtenues à la couronne de Bohême. Mais s’il est vraiment remarquable, c’est surtout parce qu’il cite quels sont tous les droits du roi de Bohême qui se réfèrent à ce territoire. Et ces droits sont pour la première fois résumés sous la forme qu’ils prendront, avec quelques légères modifications, dans la loi impériale de la Bulle d’or pour l’empire de Charles IV, achevée en l’an 1356. » Ce nom de Bulle d’or fait référence par métonymie aux sceaux en or, les bulles d’or, apposés sur les actes impériaux les plus importants. Les deux actes dont parle Lenka Bobková sont de ce type : on y retrouve le sceau en or de Charles IV. Conservés aux Archives nationales de République tchèque, ils sont d’une valeur inestimable et sont donc rarement exposés au public.C’est pour cette raison que la Bavière a demandé la réalisation d’une copie de l’acte écrit en allemand, qui doit apporter un plus à l’exposition « L’empereur Charles IV. 1316-2016 », laquelle a pour objectif de présenter le personnage dans sa dimension européenne et sera visible au Germanisches Nationalmuseum à partir de la mi-octobre et jusqu’en mars prochain.
Pour les Archives nationales, il s’agit d’un travail qui dure plusieurs mois, de la conception du parchemin, à partir de peau de veau, jusqu’à la création de la fameuse bulle d’or. Pour le restaurateur David Frank, qui a la charge de cette copie, c’est un labeur qui requiert la plus grande patience. La copie du texte en elle-même, d’abord sur un morceau de papier, puis sur le parchemin, demande environ une semaine, mais présente des difficultés spécifiques. David Frank présente quelques aspects de son travail :« Les plumes sont généralement des plumes d’oie mais personnellement je préfère des plumes solides comme celles du cygne. Ce qui est très difficile, c’est de bien saisir l’écriture du copiste à qui on a affaire. Il peut y avoir de petits écarts mais il est important d’être le plus précis possible. »
Bien qu’il ne soit pas possible de parvenir à une copie absolument parfaite, celle-ci devrait au final être impossible pour le profane à distinguer du document original. Mais l’émotion que procure l’original est peut-être plus forte. Pour s’en persuader, on pourra par ailleurs visiter l’exposition d’actes originaux de la période de Charles IV que préparent les Archives nationales pour la fin de l’année.