Les cents jours de Vitezslav Jandak
Cent jours ont suffi au ministre tchèque de la Culture, Vitezslav Jandak, pour devenir l'homme politique le plus populaire du pays. Selon le dernier sondage réalisé par l'agence STEM, il a devancé, avec 64 %, même son chef, le Premier ministre, Jiri Paroubek, qui avait régné sur les sondages avant lui.
Rondelet et jovial, Vitezslav Jandak était loin d'être un inconnu lorsqu'il est entré sur la scène politique tchèque. Son visage de bon vivant est bien connu du public de théâtre, de cinéma et de télévision. Comédien prédestiné pour les rôles comiques, il travaille, après la chute du communisme, entre autres au Conseil municipal de Prague où il représente des partis de droite. Plus récemment, il devient directeur du Festival international du cinéma pour enfants de Zlin.
Aujourd'hui, il se dit sans parti. Lorsque, en août dernier, Jiri Paroubek manifeste son intention de lui confier le poste de ministre, resté vacant après la disparition du très populaire Pavel Dostal, cela provoque la désapprobation de certains milieux culturels tchèques. Cependant, le chef du gouvernement ne prête pas l'oreille à ces pessimistes et intronise l'ancien comédien au ministère de la Culture.
C'est avec une étonnante agilité que Vitezslav Jandak se lance dans son nouveau rôle. Son style populaire, son parler franc et un peu terre à terre, son visage connu depuis longtemps en font, dès le début, un des hommes les plus "médiatisés" de la scène politique tchèque. Bien qu'il ne dispose que d'un mandat de dix mois, jusqu'aux prochaines législatives, il n'arrête pas de multiplier de nouveaux projets et de nouvelles promesses. Il se prononce, entre autres, pour le dialogue entre l'Etat et les Eglises, car sous son prédécesseur Pavel Dostal, ces rapports étaient plutôt froids. Le nouveau ministre se lance aussi à la recherche de nouvelles sources pour le financement de la culture. Il se montre généreux avec certaines institutions culturelles, mais doit se défendre contre la presse l'accusant de favoriser le Festival du cinéma pour enfants dont il a été le directeur. Il désire également améliorer le travail de son ministère et dénonce le déficit de communication et le manque d'efficacité de certains fonctionnaires.Cependant, bien qu'il procède à une réorganisation du ministère, les rumeurs sur le licenciement du quart du personnel ne se confirment pas. Il voit surtout un grand inconvénient dans la séparation des sections du ministère en deux bâtiments différents : "Certaines choses ne sont pas logiques. L'organisation de tout le ministère n'est pas logique. Nous siégeons séparément dans une cage d'or et dans un hospice. Il se peut donc que certains vice-ministres soient transférés dans le bâtiment principal afin que les éléments opérationnels soient à la portée de la main. C'était d'ailleurs la tâche que nous nous sommes fixée : créer un petit ministère solide et fonctionnel."
L'avenir de Jandak dépend de l'issue des prochaines législatives. Jiri Paroubek ne cache pas ses sympathies pour son ministre et le désigne, d'ores et déjà, comme un membre possible de son futur "cabinet des talents".