Les communistes ont volé des centaines d'enfants

Ce n'est que ces jours-ci que le secret sur l'un des chapitres les plus déplorables du régime communiste a été levé. On apprend que dans les années 50, ce régime a enlevé à leur naissance presque 600 enfants à des mères emprisonnées et les a envoyés dans des familles adoptives. Jaroslava Gissubelova: Ils sont aujourd'hui cinquantenaires qui vivent leurs vies sous une autre identité, ignorant que leurs parents ne sont pas, en réalité, leurs vrais parents. Dans la majorité absolue des cas, ils ne nourrissent aucun soupçon. Car leur adoption s'était faite dans le secret absolu. Que s'est-il passé pour que cette affaire voie finalement le jour ? En 1994, un ancien médecin de prison a signalé au ministère de la Justice la pratique des années 50 consistant à placer les enfants nés en prison dans des familles adoptives, surtout celles des agents de la police politique et des membres de la garde de la prison. Le ministère de la Justice a ensuite saisi le Bureau de documentation et d'enquête sur les crimes du communisme. Après des mois de travail et de recherches, les documentalistes du bureau ont entre les mains les premières statistiques. Il en découle que 575 enfants sont nés en prison entre 1948 et 1962. 19 sont morts après l'accouchement. 32 femmes auxquelles on a volé leur enfant né en prison étaient des prisonnières politiques. Le Bureau attire l'attention sur le fait que même sous le régime communiste, les adoptions nécessitaient une confirmation du tribunal. La pratique d'adopter les enfants nés en prison a donc été illégale. Il ne fait pas de doute que l'atmosphère des années 50 y a joué son rôle. Au lieu de donner ces enfants à leurs grands-parents, on a préféré une éducation dans des familles "convenables" au régime, éventuellement, à l'instar de l'URSS, une éducation collective dans des foyers d'enfants. La question qui se pose est de savoir si on peut encore aujourd'hui traduire en justice les responsables des adoptions monstrueuses des années 50. La réponse est plutôt négative. Aucun ordre officiel ordonnant d'agir en contradiction avec la législation d'alors n'a été trouvé. D'autre part, il n'est pas exclu que tant qu'une personne concrète serait trouvée, elle serait traduite en justice. Jusqu'à présent, aucune plainte n'a été portée. Le seul enfant du régime communiste trouvé n'est hélas pas en vie. Il s'agit d'un certain Ivan Toman, fils d'un exilé de 1948, donné à l'adoption à un chauffeur de police politique. Après 1989, son père s'est beaucoup employé à trouver son fils. Son effort a abouti. Mais son fils n'est pas en vie. Il est mort en 1961, lors d'un accident. D'autres cas attendent seulement d'être élucidés.

Auteur: Astrid Hofmanová
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