Les deux jours heureux du sport féminin tchèque
Markéta Davidová sacrée championne du monde de biathlon dans l’épreuve individuelle et Karolína Muchová qualifiée pour les demi-finales de l’Open d’Australie de tennis après avoir éliminé la numéro un mondiale : à quelques heures seulement d’intervalle, ce sont deux bien belles journées que les amateurs de sport tchèque ont passées mardi et mercredi.
En attendant, peut-être, un exploit du Slavia Prague contre les Anglais de Leicester en 16e de finale aller de la Ligue Europa de football jeudi soir, le sport tchèque vit, en ce mileu de semaine, probablement ses plus belles heures de ces derniers mois.
Mais reconnaissons-le : pas plus le sacre de Markéta Davidová à Pokljuka (Slovénie), au cœur d’une saison où pas un biathlète tchèque n’a encore accroché le moindre podium de Coupe du monde à son tableau de chasse, que le parcours de Karolína Muchová à Melbourne, pour une fille de 24 ans dont la meilleure performance en Grand Chelem était jusqu’alors un quart de finale à Wimbledon en 2019, n’étaient attendus, ni même espérés. Mais voilà, il est probablement des jours où les planètes sont mieux alignées que d’autres.
Markéta Davidová a donc été l’auteure de la première sensation, mardi après-midi. Dans une épreuve, l’individuel, une course contre la montre où chaque balle manquée est synonyme d’une minute de pénalité, son sans-faute au tir (20/20) a été la clef du succès de la Tchèque, comme elle l’a expliqué au micro de l’envoyé spécial de la Radio tchèque à sa descente de la première marche du podium :
« Je dois dire que d’avoir bien tiré me fait particulièrement plaisir. Que cela aboutisse à la médaille d’or, c’est incroyable, franchement, quand on considère les épreuves précédentes, où j’avais beaucoup raté. Je suis restée calme aujourd’hui, je me suis efforcée de ne pas penser à ce qui s’était passé, de me concentrer sur ce que je sais faire, et ce n’est qu’au dix-neuvième tir, l’avant-dernier, que j’ai commencé à ressentir un peu de pression et à me dire que si je ne réussissais pas le dernier, j’étais vraiment une idiote. Ce devait être mon jour, car sur certains tirs, j’ai eu pas mal de chance aussi. »
A l’arrivée des 15 kilomètres de course, Markéta Davidová a devancé la Suédoise Hanna Oeberg, championne olympique de la spécialité, de 27’’9, et la Norvégienne Ingrid Tandrevold de 1’04’’, qui toutes deux ont manqué une cible. Pour la Tchèque de 24 ans, étudiante à l’Université des sciences de la vie à Prague, ancienne championne du monde juniors de la poursuite dont les principaux faits d’armes chez les seniors restaient une victoire en Coupe du monde en 2019 et une médaille de bronze dans le relais mixte aux Mondiaux la saison dernière, il s’agit de la première grande consécration dans une carrière qui, peut-être, décolle enfin. Dans l’immédiat, son succès redonne dans tous les cas quelques couleurs à un biathlon tchèque bien pâle qui, faute de résultats convaincants et de leader, a perdu de son éclat ces deux à trois dernières années.
Muchová souffle le froid à Melbourne
S’il est un sport qui n’a en revanche rien perdu de son éclat en République tchèque ces dernières saisons, c’est bien le tennis féminin. Karolína Plíšková et Petra Kvitová peuvent bien être éliminées prématurément, comme lors de cet Open d’Australie, il se trouve souvent une autre joueuse pour prendre leur relais.
A Melbourne, c’est donc au tour de Karolína Muchová qui, ce jeudi, contre l’Américaine Jennifer Brady, disputera la première demi-finale d’un tournoi du Grand Chelem de sa carrière. Après avoir sorti sa compatriote Karolína Plíšková au 3e tour, puis la Belge Elise Mertens en huitièmes de finale, la Tchèque a frappé plus fort encore en quarts en dominant l’Australienne Ashleigh Barty en trois sets (1-6, 6-3, 6-2).
Inexistante dans une première manche expédiée par la numéro un mondiale en vingt-cinq petites minutes, Muchová s’est ressaisie alors qu’elle était menée deux jeux à zéro dans la deuxième. Comme lors des deux tours précédents, où elle s’était retrouvée menée au score, elle a su trouver les ressources pour prendre le dessus sur une adversaire qui a alors multiplié les fautes :
« Oui, les matchs précédents m’ont aidée, car j’avais dans un coin de la tête que rien n’était perdu. Mais vers le milieu du premier set, j’ai commencé à me sentir assez mal à cause de la chaleur, j’avais la tête qui tournait, et c’est pourquoi j’ai fait appel au médecin au début du deuxième set. Je n’aime pas ça, les temps morts médicaux, mais je pensais que j’allais m’évanouir. Je suis sortie du court, il m’a refroidie, et cela allait déjà un peu mieux quand j’ai repris le jeu. Je me suis efforcée de raccourcir les échanges pour courir le moins possible. J’ai mieux joué de point en point, et cela a suffi. »
Ne reste maintenant plus qu’à savoir si cela suffira pour atteindre la finale, comme Petra Kvitová il y a deux ans, ou comme ses compatriotes Barbora Krejčíková et Kateřina Siniaková qui, dans le même temps que Muchová, se sont, elles, qualifiées pour la finale du double dames.