Les épargnants s’inquiètent pour leurs dépôts bancaires, alors que le secteur bancaire tchèque affiche la stabilité
La crise économique et les réformes en cours en République tchèque sont des thèmes fréquemment abordés par la presse nationale. Nous avons retenu quelques réflexions apparues cette semaine à ce sujet… Nous avons également constaté que les journaux ont consacré une partie de leurs pages culturelles au cinéma français, et pas seulement à l’occasion du Festival du film français qui se déroule en ce moment dans plusieurs villes du pays.
« Votre pays en lui-même n’est pas confronté à des problèmes particuliers. Votre problème, c’est que vous avez une petite économie qui dépend de l’évolution dans la zone euro. Votre croissance dépend donc de votre capacité à exporter vers ses pays... Vous avez aussi des avantages, dont d’abord celui de votre propre monnaie. Le chef de gouvernement Petr Nečas a raison quand il dit que l’adoption de l’euro en Tchéquie n’est pas à l’ordre du jour. »
Parmi d’autres avantages, le chef de l’OCDE indique « le système bancaire peu vulnérable, une monnaie stable et le fait que, à la différence des Hongrois, des Polonais ou des pays baltes, les Tchèques n’ont pas d’hypothèques en euros ou en francs suisses. Globalement, le pays a plus d’économies que de dettes. » Insistant sur l’importance de la culture bancaire, Angel Gurria signale que « de ce point de vue, les banques tchèques sont saines ».
C’est d’ailleurs ce que constate à son tour une douzaine d’économistes tchèques interrogés dans un des récents suppléments économiques de ce journal pour répondre aux épargnants tchèques qui craignent pour leurs dépôts dans les banques tchèques et qui représentent au total la somme de près de 1,7 billion de couronnes tchèques.
Ceux-ci sont en général d’accord sur le fait qu’il n’y a, en ce moment, aucune raison de paniquer, prétendant que ces dépôts sont tout à fait sûrs. Ceci dit, ils recommandent à l’épargnant tchèque qui veut avoir des garanties et qui est traditionnellement particulièrement conservateur, d’envisager aussi d’autres alternatives et investissements.Le journal conclut : « Les problèmes financiers de certaines banques en Europe ne constituent pas une grande menace pour les banques en Tchéquie. Ce qui est en revanche dangereux, c’est l’alimentation de la méfiance, tant au sein du secteur bancaire que de la part des épargnants. Le comportement de ces derniers, qui pourrait affaiblir les banques, est donc très important. »
Sur le site économique Ihned.cz, Ivan Filip, économiste et ex-ministre des finances, se félicite, lui aussi, de la stabileté du secteur bancaire tchèque. Il considère toutefois que l’actuelle crise de certains Etats de l’Union européenne et de l’euro donne lieu à de très profondes inquiétudes. De ce fait, écrit-il, « il est dans l’intérêt vital de la République tchèque et de sa population de voir cette crise se stabiliser ».
Dans l’édition de mardi du quotidien Právo, le sociologue Jan Keller se penche pour sa part sur les réformes en cours dans le pays, « mises sur pied, prétendument, en vue de diminuer la dette de l’Etat », et s’arrête sur les approches foncièrement différentes du chef de gouvernement Petr Nečas et du président de la République Václav Klaus en ce qui concerne le rôle des agences de notation. Il écrit :
« Pour le cabinet Nečas, les évaluations positives de ces agences, comme c’était récemment le cas de l’agence Standard&Poor’s, sont une preuve du bien-fondé et de la réussite de ses réformes... Tout en soutenant pleinement ce cabinet, Václav Klaus n’a pourtant de cesse de dénoncer la crédibilité des agences de notation, qualifiant leurs rapports de faibles, de superficiels et de peu analytiques. » Et l’auteur de l’article de remarquer sur un ton ironique que « l’on peut en déduire que, s’agissant des réformes et de leur évaluation, nos représentants politiques parlent vraiment à l’unisson ».
Prague et plusieurs autres villes tchèques accueillent le traditionnel Festival du film français qui a été inauguré, devant une salle pleine, jeudi soir à Prague. La veille, le quotidien Mladá fronta Dnes a publié un entretien avec le célèbre réalisateur américain d’origine tchèque Miloš Forman, qui campe dans le film Les Bien-aimés qui a ouvert le festival, un des principaux rôles masculins, aux côtés de Catherine Deneuve et de Chiara Mastroianni. Il explique comment et pourquoi il a accepté ce rôle :
« Lorsque mes amis français m’ont dit que Christophe Honoré était un réalisateur doué et reconnu et lorsque j’ai appris que j’aurais pour partenaire Catherine Deneuve et que notre première scène, nue, se déroulerait au lit, j’ai tout de suite accepté sans même avoir lu le scénario. »Son personnage s’appelle Jaromil Passer, le prénom étant celui du réalisateur Jaromil Jireš et le nom celui d’un autre célèbre cinéaste tchèque Ivan Passer. Ceci en signe d’admiration et d’hommage du réalisateur français à l’égard de la nouvelle vague du film tchèque des années 1960. Témoin et un des principaux protagonistes de cette fameuse période, Miloš Forman précise qu’il n’avait pourtant pas de conseils à donner concernant ces années, qui sont une des périodes évoquées dans ce film, son histoire s’étendant sur la période de quarante ans. Dans son entretien, il explique :
« Christophe Honoré était très bien préparé. Les années 1960 sont désormais des années mythiques. Or, personne ne veut par exemple croire qu’à cette époque-là, il y avait aussi, à côté de films magnifiques de la nouvelle vague, des films médiocres, voire des films de très mauvaise qualité. Mais j’avoue que je n’arriverais pas à en citer ne serait-ce qu’un seul titre. Tandis que les bons films, je peux vous les énumérer presque tous. »Miloš Forman, qui est installé depuis plusieurs décennies aux Etats-Unis, soufflera l’année prochaine ses quatre-vingts bougies. A cette occasion il a émis pour le journal le vœu de pouvoir « survivre » à son jour anniversaire tranquillement, en famille.
Une des récentes éditions du journal Lidové noviny consacre toute une page au nouveau rôle de Gérard Depardieu dans une production télévisée consacrée à Grigori Raspoutine, mystique et guérisseur russe, confident de la tzarine Alexandre, qui a vécu entre 1869 et 1916. Le journal souligne que l’acteur, qui est certes le comédien français le plus connu et le plus populaire en République tchèque, a pu réaliser ainsi son rêve, le caractérisant comme « un admirateur de la littérature et de l’histoire russes ».L’article est accompagné de plusieurs photos en couleurs réalisées lors du tournage en Russie, histoire de prouver que « l’acteur a su fidèlement imiter le regard ensorceleur de Raspoutine ». Son auteur remarque en outre que l’acteur s’est félicité du travail sur le film, ainsi que de sa collaboration avec les partenaires russes.
Les derniers films avec Gérard Depardieu que le public tchèque a pu voir en salle, et qui y ont remporté un beau succès, sont notamment Potiche et Mammuth.