Les étudiants de Plzeň célèbrent l’héritage tchéco-mexicain du quartier Pilsen de Chicago

Photo: Klára Stejskalová

A partir des années 1850, Chicago a été un foyer d’immigration majeur pour les Tchèques désireux de gagner les Etats-Unis. Aujourd’hui, bien qu’essentiellement mexicain, le quartier de Pilsen, fondé par ces colons au XIXème siècle, est résolument bohème. Afin de célébrer ces deux cultures, des étudiants de Plzeň, en Bohême, ont réalisé des peintures murales dans les rues de la ville du même nom, y représentant l’histoire et la culture tchèques avec une touche latino.

Martin Kelbl devant une peinture murale de la 'Pilsenita',  photo: Klára Stejskalová

S’étendant de la rivière Chicago au nord du Parc Dvorak, situé au cœur du quartier Pilsen, les murs d’un ancien remblai de chemin de fer font désormais office de galerie à ciel ouvert. Parmi les peintures de couleurs vives se trouvent la fresque d’une jeune fille tchèque en costume folklorique.

A la tête de ce projet, Martin Kelbl et ses collègues, étudiants à la Faculté de design et d’art de l’Université de Bohême de l’Ouest à Plzeň, une faculté qui porte le nom de l’artiste tchèque Ladislav Sutnar qui a lui-même émigré aux Etats-Unis en 1939. On écoute Martin Kelbl au micro de Radio Prague International :

La peinture murale de T.G. Masaryk et sa femme Charlotte,  photo: Klára Stejskalová
« J’ai eu cette idée en regardant des peintures murales à Pilsen –Chicago. J’ai remarqué que les gens d’ici aiment les portraits. J’ai donc voulu rester fidèle à cela tout en établissant un lien entre les résidents mexicains du quartier d’aujourd’hui et les migrants d’origine tchèque. Alors j’ai peint une fille en costume traditionnel tchèque, mais avec des motifs mexicains. »

Le Grand incendie de Chicago de 1871 a épargné le quartier Pilsen, qui est toujours architecturalement défini par le style néo-baroque, très orné. Ce style était privilégié par les premiers immigrants tchèques, dont les descendants quittèrent la ville pour les banlieues vers la fin des années 1950.

La « ville des vents » était comme une seconde maison pour Tomáš Garrigue Masaryk avant qu’il ne devienne le premier président de la Tchécoslovaquie il y a un peu plus de cent ans. En réfléchissant à la manière de célébrer ce centenaire, les enseignants de l’école tchèque T.G. Masaryk ont eu l’idée de ces peintures murales tchéco-mexicaines, et l’ont soumise à Renata Fučíková, une artiste et illustratrice tchèque de renom qui enseigne à la Faculté des arts et du design à Plzeň. On l’écoute :

Renata Fučíková,  photo: Archives de Radio Prague International
« L’an dernier, plusieurs de mes élèves sont venus ici pour créer ce mur qui rappelle les liens tchèques avec Chicago. Ils ont réalisé un tableau quelque peu politique représentant Masaryk et sa femme Charlotte, ainsi que l’ancien maire de Chicago, Anton Čermák. »

« Cette année, ils ont fait une fresque représentant ‘Pilsenita’, comme les Mexicains l’appellent désormais, c’est-à-dire une fille de Plzeň. Elle porte un costume traditionnel tchèque et une coiffe ‘holubička’, mais avec des broderies mexicaines; et tout autour d’elle, il y a des danseurs qui pourraient aussi bien être tchèques que mexicains. »

Le dévoilement de cette nouvelle peinture murale, en septembre dernier, n’a pas constitué le seul événement évocateur du passé tchèque de Chicago. L’exposition intitulée « 100 bonnes choses », inspirée d’un livre des élèves de Renata Fučíková et installée comme il se doit dans une microbrasserie mexicaine, se tient actuellement au quartier Pilsen de Chicago. Elle avait débuté à Washington l’an dernier, à l’occasion du centenaire de la Tchécoslovaquie. Renata Fučíková :

La peinture murale de l’ancien maire de Chicago,  Anton Čermák,  photo: Klára Stejskalová
« Avant le centenaire de la République, j’ai pensé dresser la carte de notre histoire. J’ai ainsi demandé à mes élèves de choisir des évènements positifs pour chacune des cent années, même les années d’occupation ou d’invasion. Et ils y sont vraiment parvenus. »

Le projet vise à la fois à marquer ces cent ans et à stimuler nos esprits. Nous, les Tchèques, avons l’habitude de nous lamenter et de commémorer les mauvaises choses, en oubliant nos forces. Même en ces années sombres marquées par la guerre ou le totalitarisme, nous avons eu des prix Nobel de littérature et de science, réalisé des records sportifs et inventé des choses extraordinaires. »