Les étudiants défient le scepticisme et l’impuissance
En Tchéquie, la volonté de s’engager en faveur des affaires d’intérêt public semble aujourd’hui plus marquante et plus répandue que jamais. Cette question a été largement traitée dans la presse de ces derniers jours… Celle-ci a également rappelé le lancement des premières émissions télévisées dans le pays. C’était il y a 60 ans de cela.
« C’est vrai que la situation politique pourrait être meilleure, que le gouvernement est impopulaire et qu’il est difficile de parvenir à des consensus raisonnables. Cela dit, notre tentative d’inspecter l’aspiration de la Tchéquie à devenir un pays moderne révèle une chose assez surprenante : le pays est sur la bonne voie et beaucoup de choses sont en train de s’améliorer... »
Dans le même esprit, un des articles se rapportant au sujet titre que « Les Tchèques sont prédestinés à réussir », soulignant que la Tchéquie se rapproche des pays sachant bien gérer leurs affaires. Il est expliqué :
« Depuis deux ou trois ans, nous sommes les témoins d’efforts visant à améliorer certaines choses et d’une gestion de l’Etat plus raisonnable qu’auparavant. C’est le fruit d’un mélange de facteurs, tels que la crise économique, la pression croissante de l’opinion publique et une meilleure aptitude des autorités à répondre aux défis du monde moderne. »
L’hebdomadaire note également que les gens engagés regroupés au sein des organisations non gouvernementales savent désormais mieux formuler leurs demandes concernant par exemple la corruption ou la modernisation de l’économie afin de les soumettre au gouvernement.
« Les activistes ne sont pas les seuls à s’engager, car même les gens riches qui ont fait fortune ces vingt dernières années, durant les années dites sauvages, se font entendre pour dénoncer les manquements dans le fonctionnement de l’Etat. Le gouvernement, lui aussi, cherche enfin à entreprendre les démarches nécessaires et à planifier la modernisation de l’Etat. »Malgré ces signes positifs, le climat au sein de la population, comme nous pouvons le lire dans les pages du journal, est toujours empreint d’une grande désillusion, plus de la moitié de la population déclarant régulièrement son mécontentement concernant l’évolution politique et économique. Pour savoir quel devrait être le fonctionnement de l’Etat afin de satisfaire les attentes de ses citoyens, Respekt s’est adressé à un certain nombre de personnalités issus de différents horizons :
Pour les économistes interrogés, il est prioritaire d’adopter une loi relative à la fonction publique, d’améliorer le fonctionnement de l’administration publique et d’ouvrir davantage le pays aux experts étrangers. Ils considèrent également qu‘il faut encourager l’arrivée de ressortissants étrangers afin de changer les modèles habituels de comportement... D’autres insistent pour leur part sur la nécessité d’améliorer le fonctionnement des partis politiques ou encore d’approfondir les liens entre la Tchéquie et le monde, notamment dans le domaine de la science... Pour Petr Drulák, directeur de l’Institut des relations internationales, le soutien de la coopération au sein de l’Union européenne constitue une clé importante pour la modernisation de la Tchéquie.
La dernière édition de l’hebdomadaire Respekt a publié un autre article intéressant sur les activités d’un groupe d’étudiants de Brno, capitale de la Moravie du Sud. Selon son auteur, ces activités « prouvent que le sentiment d’impuissance n’est qu’illusoire ». Il écrit :
« A côté des excellents professionnels qui viennent d’obtenir le Prix du journalisme 2012, on a vu également apparaître un groupe d’admirables amateurs. Il s’agit de Demagog.cz, un groupe d’étudiants universitaires qui, pendant leur temps libre, suivent attentivement les propos des représentants politiques pour contrôler s’ils disent la vérité. Ainsi, ils veulent empêcher que le discours politique ne dégénère en une simple autoprésentation. D’un autre côté, ils s’opposent à ce que la société tombe dans la léthargie et le scepticisme gratuit ».
Comme le note l’auteur de l’article, les étudiants qui consacrent leur temps, leur énergie et leur enthousiasme à ce projet ne mènent pas un combat d’égal à égal, puisqu’ils sont confrontés à un « establishment » politique professionnel bien payé. Toutefois, en l’espace d’un an seulement, ils ont réussi à s’imposer et à être pris au sérieux tant par les médias que par la scène politique, et ce en dépit du fait que les résultats de leurs activités ne soient pas immédiatement visibles. Nous citons :
« Les efforts visant à cultiver la société constituent un processus qui n’en finit pas, il s’agit plutôt d’un état durable... Demagog.cz ne rivalise pas avec la représentation politique. Ce que veut cette organisation, c’est encourager la société dans sa volonté de s’améliorer. Le fait que la société tchèque soit capable par ses propres moyens de donner naissance à une telle institution prouve qu’elle est en bonne condition. »
Soixante ans se sont écoulés cette année depuis le lancement des premières émissions télévisées dans l’ancienne Tchécoslovaquie. Le dernier supplément Orientace du quotidien Lidové noviny a rappelé les principales étapes qui ont marqué l’existence de la télévision dans le pays. Nous pouvons lire :
« La première tentative de diffusion d’une émission, le 1er mai 1953, n’a pu être suivie que par quelque centaines de personnes, issues pour la plupart des milieux communistes aisés. Importés de RDA, les téléviseurs disponibles à l’époque étaient de provenance soviétique. Toutefois, en vertu d’une disposition gouvernementale, ce n’est que le 25 février 1954, date anniversaire du dit ‘Février victorieux’ (Coup de Prague, en français), que les émissions télévisées ont été lancées de façon régulière et officielle. »
Le journal indique que, sept ans plus tard, la Télévision tchécoslovaque comptait déjà un million de concessionnaires et qu’un deuxième million a été identifié rien que dans les douze mois suivants. Aujourd’hui, 96 % des ménages tchèques sont équipés d’un téléviseur. Le journal rappelle en outre :
« En 1970, la deuxième chaîne de la Télévision tchécoslovaque, un service public, a été lancée, augurant en quelque sorte de la future concurrence et de la différenciation des programmes télévisés. L’autre étape importante a commencé en 1993 avec l’octroi de licences aux premières chaînes privées. »
Aujourd’hui, la Télévision tchèque compte quatre chaînes. L’auteur de ce bref historique des émissions télévisées en Tchéquie remarque en conclusion que les émissions de la chaîne d’information ČT24 ont été les premières, en mai 2005, à être diffusées sur tout le territoire par Internet, en numérique et par satellite.
« La Tchéquie affronte un nouveau problème : des écoles pour les enfants pauvres » : tel est le titre d’un article publié dans l’édition de jeudi dernier du quotidien Mladá fronta Dnes, qui explique :
« Deux catégories d’écoles primaires sont en train d’apparaître dans le pays. Les familles aisées choisissent pour leurs enfants des écoles renommées, tandis que les familles socialement défavorisées privilégient tout simplement les écoles les plus proches de chez elles. Une telle sélection ne profite ni à l’une ni à l’autre catégorie. »
Ce problème a d’ailleurs été mentionné dans un récent rapport de l’OCDE, qui observe également qu’il existe en Tchéquie un trop grand nombre de petites écoles qui, selon les statistiques, atteignent des résultats médiocres par rapport aux grandes écoles. Le journal rapporte également que les salaires des enseignants tchèques sont presque moitié moindres que ceux des autres diplômés universitaires, d’où le faible intérêt des jeunes pour cette profession.