Les jeunes Tchèques, vont-ils bouder le scrutin ?

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« Hod to tam », « Mets le dans l'urne » - voilà le titre éloquent d'un projet Internet ciblé sur les jeunes Tchèques de 18 à 30 ans, qui pourraient être les grands abstentionnistes des élections des 2 et 3 juin. Dans ce groupe, ce sont les plus jeunes, ceux qui iront voter pour la toute première fois de leur vie, qui seraient aussi les plus indifférents à la politique : à en croire les sondages, ils ne sont qu'un tiers à vouloir se rendre, à la fin de cette semaine, dans les bureaux de vote.

David Ricar, un des auteurs du projet « Hod to tam » confirme cette tendance :

« Nous nous intéressons aux jeunes, parce que nous mêmes, nous sommes jeunes et en discutant avec nos amis, nous nous sommes rendu compte que la plupart d'entre eux se désintéressait complètement de la politique. Soit ils pensent que leur voix n'a aucune valeur, soit ils sont gênés quand on leur demande d'exprimer leur soutien à un parti concret, qui a des chances de réussite. Les sympathisants de petites formations sont persuadés que ça ne vaut pas la peine qu'ils se déplacent pour voter, ils préfèrent aller prendre une bière entre copains. »

Pour combattre le phénomène, David Ricar et ses amis, tous de jeunes diplômés ou étudiants pragois, qui ne sont liés à aucun parti politique, expliquent, sur leur site web (www.hodtotam.cz) par exemple, quand, comment et où on peut régler les formalités, au cas où l'on veut voter hors de son lieu de séjour officiel. Mais « Hod to tam » a aussi un volet « artistique ». David Ricar :

« Les gens peuvent nous envoyer des affiches qui incitent à aller voter. Si elles sont politiquement neutres, on les place sur nos pages Internet, où les autres peuvent les télécharger, les imprimer et, ensuite, les faire circuler. C'est une forme de collaboration, bénévole et gratuite. »

Ajoutons que le site « Hod to tam » a enregistré, à ce jour, près de 3500 visites. Quelle est la principale raison du « je m'en foutissme » politique des jeunes Tchèques ? Selon David Ricar, ils sont peu courtisés par les partis politiques. Une situation qui n'est pas typique, semble-t-il, uniquement pour la République tchèque, comme en témoigne l'opinion de cette jeune fille originaire de Slovaquie, pays qui organise ses élections législatives le 17 juin prochain :

« Non, je pense que je ne vais pas voter en Slovaquie... Pourquoi ? Parce que je n'ai pas envie. Ça n'a pas de sens, ça n'aidera à rien. »

Détrompez-vous, nous sommes toujours à Prague. Au centre-ville, j'ai croisé ces deux hommes de 25, 30 ans au discours tout à fait différent...

« Bien sûr que je vais voter. Je me suis décidé selon ma propre conviction et pas en fonction des programmes électoraux ou sous influence des débats télévisés. Je n'en ai pas vu un seul, d'ailleurs. »

« Moi aussi, je vais voter. Je me suis décidé en fonction de la situation actuelle dans le pays. Je ne suis pas partisan de tel ou tel parti. Je pense que le paysage politique doit être équilibré. Il faut qu'il y ait, de temps en temps, des changements, que la scène politique se renouvelle. »

Auteur: Magdalena Segertová
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