Les Tchèques aiment leurs saints
Le 28 septembre était en République tchèque le jour de la fête nationale consacrée à saint Venceslas, prince premyslide perçu dans la conscience nationale comme un symbole de l'Etat tchèque et comme son patron. Dans sa dernière édition, le supplément du quotidien Lidove noviny s'interroge sur l'importance et le poids que les Tchèques attribuent à leurs saints.
Comme on peut lire dans les pages du journal, dans aucun pays «catholique », le culte des saints ne joue un rôle aussi important que dans les pays tchèques. On y trouve même des saints qui constituent un véritable symbole de la nation. Parmi eux, une place privilégiée revient à saint Venceslas.
On peut dire en effet qu'aujourd'hui comme de par le passé, à des moments importants voire fatidiques de leur histoire, les Tchèques se réfèrent à saint Venceslas. Par ailleurs, la principale place de Prague, dominée en haut par une statue qui lui est dédiée, porte son nom. C'est aussi là-bas que se sont déroulées les principales manifestations de la Révolution de Velours de 1989 et que retentissaient, par la même occasion, des chorales ayant pour thème saint Venceslas.
La liste des saints tchèques est longue. Ce sont les saints Adalbert et Prokop et sainte Agnès qui semblent représenter, outre saint Venceslas, les principaux saints tchèques, ceux que la nation tchèque aime le plus. Parmi les femmes, on notera encore une autre grande figure de l'histoire médiévale tchèque, sainte Ludmila, grand-mère de Venceslas, assassinée par sa belle-fille, Drahomira.
La canonisation tchèque probablement la plus célèbre a été celle du vicaire général Jean de Népomucène qui a eu lieu à l'époque du baroque flamboyant, peut-on lire dans le journal qui évoque également les canonisations qui n'ont pu être menées à bien qu'après la chute du régime communiste. Elles concernaient la princesse premyslide Agnès, l'aristocrate Zdislava et le prêtre Jan Sarkander. Et de rappeler qu'à présent, plusieurs procès en canonisation ou en béatification sont en cours.
Sont concernées pour la plupart des personnes ayant vécu au XXe siècle, dont le cardinal Beran, sauf 14 franciscains qui ont été martyrisés à mort, à Prague, au début du XVIIè siècle.
L'article paru dans Lidove noviny souligne que, dans la majorité des cas, les saints et les patrons tchèques ne sont pas issus « du peuple ». Bien au contraire, ils appartenaient à l'élite de la société ou encore à celle de l'Eglise.
A quoi attribuer la grande popularité dont jouissent les saints de l'époque médiévale en République tchèque ? Une popularité qui est surprenante si l'on tient compte de l'athéisme prononcé d'une grande partie de la population tchèque.
Selon l'historien Petr Kubin, c'est l'identification nationale liée à ces saints qui semble expliquer le phénomène. Une dernière preuve de la cote élevée des saints dans la société a été fournie il y a quelques mois : dans un concours télévisé, dont l'objet a été de choisir le « plus grand parmi les Tchèques » de tous les temps, on a vu figurer parmi les cents premiers personnages cinq saints.