Les Tchèques, sauraient-ils guérir le cancer ?
Il y a quelques jours, les Tchèques ont appris la disparition subite du médecin Karel Fortyn, inventeur d'une méthode révolutionnaire, peut-être, du traitement du cancer. Submergés par des milliers de demandes d'aide de la part des malades, ses collègues continuent à faire des recherches, à convaincre le monde de la médecine pour que la méthode puisse être appliquée officiellement dans les hôpitaux tchèques. Magdalena Segertova pour plus de détails.
L'aventure du chirurgien Karel Fortyn a commencé en 1957, quand il n'avait que 27 ans. Un jour, il a vu, sur la table d'opération, une tumeur énorme à l'estomac, tumeur qu'il était impossible d'enlever. Le chirurgien désespéré a décidé de faire pour le patient au moins quelque chose : il lui a coupé l'arrivée du sang dans l'estomac. Le malade, condamné à mourir dans six mois au maximum, a vécu dix ans encore. Le médecin courageux était alors au début d'une très très longue course : trente ans de recherches dans l'Institut de la physiologie animale et de la génétique, des expériences sur les animaux, et, en cachette, sur l'homme. Les résultats sont plus qu'optimistes: les vingt malades, souffrant des cancers de l'estomac, de l'intestin, des reins et des ovaires, opérés par Karel Fortyn, ont été guéris. Le principe de ce miracle, appelé "la dévitalisation" ? Il s'agit d'une ligature des veines et des artères, qui alimentent la tumeur. Cette dernière disparaît toute seule, ses cellules activent l'immunité de l'organisme, qui sait, par conséquent, détruire lui-même les métastases.
En décembre 2000, le Ministère de la Santé publique a, enfin, dit oui à l'application expérimentale de la méthode dans les hôpitaux tchèques. Le projet devrait démarrer au printemps, à Brno, en Moravie du sud. Des milliers de malades voudraient y participer. Evidemment, qui renoncerait au dernier espoir ?... Malheureusement, Karel Fortyn ne verra pas les fruits du travail de toute sa vie. Pendant des dizaines d'années, il devait faire face au désintérêt, à la peur des spécialistes. Selon ses propos, c'est grâce aux médias qu'il a, finalement, réussi à franchir cette barrière. Quant à son équipe, elle est prête à cent pour cent à poursuivre son travail. Ou, en d'autres mots, à se battre. Tout comme les malades...