Les vétérans de guerre ont célébré 60 ans de la brigade Jan Zizka

Durant la Seconde Guerre Mondiale, les soldats tchécoslovaques luttaient et sacrifiaient leur vie non seulement sur les fronts Est et Ouest, au-dessus du canal La Manche, mais aussi au sud d'Europe, en Yougoslavie. Ce chapitre de l'histoire est relativement ignoré. Cette année, 60 ans se sont écoulés depuis la création de la brigade Jan Zizka de Trocnov qui a pris une part active aux combats contre les nazis, dans les Balkans. A une récente cérémonie célébrant cet anniversaire, 120 vétérans de guerre se sont retrouvés à l'Académie militaire de Brno pour se souvenir des événements d'alors.

Dans les combats pour la libération de la Yougoslavie, plus de 2000 Tchécoslovaques ont trouvé la mort. En majeure partie, des soldats de la brigade Jan Zizka de Trocnov. Ce nom, la brigade l'a emprunté à la mémoire du chef des troupes hussites, Jan Zizka, grâce à qui, toutes les croisades ordonnées par le pape contre les hussites tchèques, au 15e siècle, se sont terminées par un échec. Une partie de la brigade Jan Zizka s'est recrutée parmi des volontaires tchèques et slovaques fixés en Yougoslavie, de plusieurs générations, depuis le 19e siècle. Les sympathies des Tchécoslovaques envers les peuples slaves du sud de l'Europe ont été affermies par la tradition des combats des légionnaires tchécoslovaque dans les rangs de l'armée serbe contre l'Autriche-Hongrie, au cours du premier conflit mondial, et par l'appartenance de la Tchécoslovaquie et de la Yougoslavie au même bloc politico-militaire, La Petite Entente. Le royaume des Serbes, des Croates et des Slovènes, la prochaine Yougoslavie, a aussi été un importateur traditionnel du matériel militaire, notamment des équipements d'artillerie, des tanks légers, et des munitions fabriquées dans des usines d'armements tchécoslovaques. Pour beaucoup de Tchécoslovaques, la Yougoslavie est devenue un refuge, après la trahison de Munich et l'occupation du pays par l'Allemagne nazie, en mars 1939.

Après la défaite de la Yougoslavie, en 1941, et son occupation par les armées allemande, italienne et bulgare, et après la création d'un Etat fantoche oustachis en Croatie, beaucoup de Tchécoslovaques se sont faits recruter dans le mouvement de résistance yougoslave. Ainsi, en mai 1943, a vu le jour le 1er bataillon de partisans tchécoslovaques qui s'est transformé, plus tard, en 1ère brigade portant le nom de Jan Zizka. Cette brigade est intervenue dans les combats en Croatie du nord, en Slavonie et sur l'axe Zagreb-Belgrade.

En plus de cela, d'autres volontaires combattaient en Yougoslavie, sous les couleurs de l'armée de libération nationale du chef communiste croate, Josip Broz Tito: la 1ère brigade de volontaires slovaques et le détachement militaire de Moslavie. La guerre fut très meurtrière en Yougoslavie, au moins un million de victimes, tant du fait du génocide perpétré par les oustachis au pouvoir en Croatie, contre les Serbes locaux, que des combats contre l'occupant nazi et les affrontements mutuels de deux mouvements de résistance, les nationalistes serbes et les partisans de Tito. Parmi ces victimes, 2000 étaient des Tchécoslovaques.

L'héritage du chef légendaire des troupes hussites, Jan Zizka, a fait, paraît-il, ses preuves, dans l'armée tchécoslovaque, et pas seulement sur les fronts sud de la Seconde Guerre mondiale. Un régiment d'artillerie fondé en Russie, en mars 1917, portait, lui-aussi, ce nom. Dans les combats de la Première Guerre mondiale, il s'est fait tout particulièrement remarquer par sa victoire dans la bataille de Zborov, territoire de l'actuelle Ukraine, livrée le 2 juillet 1917. La victoire sur une suprématie autrichienne quatre fois plus puissante a eu une répercussion énorme. Elle a justifié l'idée de la résistance étrangère tchécoslovaque et est devenue un argument fort pour la reconnaissance du droit des Tchèques et des Slovaques à la création d'un Etat commun libre. La victoire de Zborov a également encouragé la naissance des légions tchécoslovaques en France et en Italie. Pour la première fois, depuis 300 ans, après la défaite à la Montagne Blanche, les armées tchécoslovaques combattaient sous leurs couleurs et pour la liberté de leur patrie, alors faisant partie de l'empire austro-hongrois.

Le nom de Jan Zizka continue à exister dans l'armée tchèque. Par un ordre du président de la République du 28 octobre 1998, la plus jeune formation de l'armée tchèque, le bataillon de reconnaissance de la 7ème brigade mécanisée, a pris le nom historique de Jan Zizka de Trocnov, en signe de continuité avec la tradition.