Les Vietnamiens de République tchèque entrent dans l’année du dragon
Après les Slovaques et les Ukrainiens, les Vietnamiens représentent la troisième plus grande communauté étrangère en République tchèque. C’est dimanche qu’a commencé l’année du dragon, célébrée par le nouvel an vietnamien, la fête du Têt.
« Le Nouvel an vietnamien, c’est un peu comme Noël pour les Tchèques. On se retrouve pour un dîner en famille, le lendemain on va voir la famille élargie. Mais contrairement à ce qui peut se faire en Occident, on ne s’enivre pas car tous les proches sont là. Je ne vais pas au temple, à Sapa, mais par contre, je vais faire brûler des bâtonnets d’encens et les placer sur l’autel familial. C’est pour se souvenir de nos ancêtres qui ne sont plus de ce monde. »
Une année 2012 placée sous le signe du dragon, symbole lié à la prospérité et au succès, selon les croyances asiatiques. Après la célébration en communauté de la nouvelle année lunaire, viennent les fêtes en famille. Le nouvel an vietnamien, le Têt, est l’un des rares moments de l’année où l’importante communauté vietnamienne de République tchèque, se retrouve sous les feux de la rampe.Les Vietnamiens sont arrivés en Tchécoslovaquie puis en République tchèque dans le cadre de plusieurs vagues migratoires. Sous le régime communiste, le Vietnam était considéré comme un pays frère : des jeunes venaient y étudier, d’autres déjà diplômés se formaient en travaillant dans les entreprises locales. Une troisième vague de migration dans les années 1980 a vu affluer des travailleurs, souvent peu qualifiés. Comme le rappelle la sociologue Alena Alamgir, les Vietnamiens ont alors été entièrement pris en charge
« L’Etat tchécoslovaque socialiste était un Etat paternaliste qui s’occupait à l’avance de chaque détail de la vie de ces gens. Le gouvernement avait fait en sorte que la nourriture qui leur serait servie soit, au début, proche de la nourriture vietnamienne, avant de passer à la nourriture tchèque. L’Etat a muni ces stagiaires vietnamiens de vêtements et d’effets personnels. A leur arrivée à la frontière slovaque, après un long voyage en train d’environ deux semaines, le programme commençait et ils étaient emmenés dans des centres d’apprentissage de la langue qui étaient en même temps des centres médicaux, où les Tchécoslovaques étaient confrontés à des maladies tout à fait courantes au Vietnam mais complètement ignorées en Tchécoslovaquie. »Depuis les années 1990 et la chute du régime communiste, les deux pays continuent d’être très liés. De nombreuses personnes venues durant les dernières vagues de migration ont fait leur vie en République tchèque. Une grande partie d’entre elles travaille dans les épiceries de quartier ou dans le commerce de gros. Leurs enfants, éduqués dans le pays, sont bilingues et intégrés dans la communauté tchèque. C’est sur leurs épaules que repose bien souvent l’avancée sociale de la famille.
Les Vietnamiens sont donc présents au quotidien dans la vie des Tchèques, mais gêne et méconnaissance, barrières linguistiques et culturelles, freinent souvent la communication entre les deux groupes. Une initiative tchèque lancée par l’association « Non au racisme ! » invite ainsi les Tchèques à souhaiter la bonne année à la communauté vietnamienne. Pour cela, une vidéo a même été mise en ligne sur Youtube, afin d’apprendre à prononcer correctement ces vœux :« Si vous avez envie de souhaiter la bonne année à vos amis, à votre voisin ou à votre épicier vietnamiens, je vous recommande de le faire le 23 janvier, journée pendant laquelle au Vietnam, nous transmettons nos vœux à tout le monde. Ca se prononce ainsi : chúc mừng năm mới! Voilà c’est tout, et tous mes vœux pour cette année du dragon ! »
Il ne nous reste plus qu’à souhaiter nous aussi « chúc mừng năm mới » à tous les Vietnamiens de République tchèque.