Littérature : Jaroslav Rudiš, auteur traduit en français, récompensé à Leipzig

Jaroslav Rudiš, photo: Klára Stejskalová

Jaroslav Rudiš sera mis à l’honneur à l’occasion de l’ouverture, ce jeudi, de la Foire du livre de Leipzig, deuxième plus grande foire commerciale en Allemagne consacrée à l'édition après la celle de Francfort. L’écrivain tchèque recevra le prestigieux Prix des maisons littéraires, pour sa faculté, selon les organisateurs, à écrire ses livres dans différentes formes et la diversité d’une œuvre qu’ils qualifient de « rock’n’roll littéraire ».

Jaroslav Rudiš,  photo: Klára Stejskalová
Jaroslav Rudiš, qui a grandi dans la région des Sudètes à proximité de la frontière avec l’Allemagne et qui compte depuis plusieurs années déjà parmi les principales figures de la jeune génération littéraire tchèque, est un auteur dont deux des romans ont été publiés en français : « La Fin des punks à Helsinki » par Books Éditions et « Avenue nationale » par Mirobole Editions. En novembre 2016, Sophie de Lamarlière, directrice de la maison Mirobole Editions à Bordeaux, avait répondu à quelques questions de Radio Prague :

Vous avez publié tout récemment le roman « Avenue nationale » de Jaroslav Rudiš. Pourquoi cette œuvre et pourquoi cet auteur ?

« C’est un auteur que j’avais repéré lorsqu’il avait été publié en France par la maison Books Editions, une très bonne maison d’ailleurs. Le livre m’a beaucoup plu et ensuite j’avais entendu parler de cet auteur par une traductrice qui m’avait soumis un texte que je trouvais très très bon mais je n’avais pas l’impression que c’était bon pour les débuts de Mirobole. Et puis, chemin faisant, j’ai épluché davantage sa bibliographie et on est tombé avec la traductrice sur ce roman, qui n’en est pas vraiment un, ‘Avenue nationale’, et voilà, cela a été à la fois un vrai choc de lecture et la conviction qu’on pouvait porter à Mirobole ce livre. C’est encore tout frais, donc j’espère qu’on va arriver à le défendre. »

« Avenue nationale » est une sonde originale dans la vie et la pensée d’un « dur » de banlieue de Prague. Qu’est-ce que l’histoire de ce bagarreur et visionnaire de bistrot peut apporter au lecteur français ?

'Avenue nationale',  photo: Mirobole Editions
« Eh bien je me méfie de toute idéologie et de tout parallèle abusif entre la réalité tchèque et une éventuelle réalité française. J’ai pris ces précautions oratoires puisqu’il faut laisser à la littérature sa vocation ; la politique et l’idéologie c’est autre chose, d’ailleurs très noble, mais ce n’est pas ce que je fais. Voilà. En revanche il est certain que plonger dans la tête de cet homme, Vandam, c’est apprendre à rencontrer de l’intérieur l’esprit d’un homme qui se trouve perdu en quête de repères, en quête d’identité, et cela a un écho assez évident avec ce qu’on peut voir en France. Le personnage de Vandam en République tchèque a connu le communisme, le communisme a fini, on lui a promis la démocratie, on lui a promis monts et merveilles, mais il ne voit rien venir et il est perdu. En France, c’est différent. On nous a promis une démocratie parfaite, un modèle de liberté, un modèle de valeurs et ce n’est pas tout à fait ce qu’on obtient. Le lecteur français peut effectivement trouver des échos assez importants. On est dans une période de transition, les démocraties occidentales cherchent un peu notre avenir. J’espère que ce livre pourra porter une petite pierre à l’édifice, qu’on puisse réfléchir à la façon dont les démocraties peuvent évoluer. »

Quels sont les projets d’avenir de Mirobole Editions ? Quels auteurs et quels ouvrages enrichiront prochainement votre catalogue ?

« Bien, on pense justement à un prochain ouvrage de Jaroslav Rudiš. Sa bibliographie n’est pas abondante mais il a écrit d’autres romans sur lesquels nous sommes en train de nous pencher, notamment ‘Le grand hôtel’ et ‘Le ciel au-dessous de Berlin’ qui sont deux ouvrages que j’aimerais beaucoup publier. Donc c’est en cours de considération. A Mirobole nous cherchons à publier des textes vraiment très divers, très variés, en essayant de créer des ponts entre les différents genres littéraires pour ne pas nous cloisonner. »


Rediffusion du 26/11/2016