L’Office pour la protection juridique internationale des enfants déconseille les adoptions d’enfants haïtiens
Les adoptions internationales étaient au cœur d’une conférence de presse donnée ce jeudi par l’Office pour la protection juridique internationale des enfants, l’institution qui sert de médiateur dans les adoptions d’enfants à l’étranger.
« Compte tenu de la situation en Haïti, on ne peut pas supposer que les autorités haïtiennes soient en mesure d’attester qu’aucun obstacle à l’adoption ne se pose et que l’enfant est un enfant seul, car les liens entre les familles et leurs proches n’ont pas encore été rétablis et il faut se concentrer sur la recherche des familles plutôt que sur l’adoption internationale. »
Aucune famille en République tchèque n’a encore réussi à adopter légalement un enfant à l’étranger. Le plus grand nombre de demandes est dirigé logiquement vers les petits Haïtiens, mais il y a des familles telle que celle de Naděžda Straková qui a entamé une procédure d’adoption aux Philippines bien avant la catastrophe en Haïti :
« En avril prochain, deux ans se seront écoulés depuis le début de la procédure d’adoption en République tchèque. Ces derniers jours, nous avons reçu une lettre nous informant que les autorités des Philippines avaient approuvé notre démarche et nous avait mis sur la liste de demandeurs. Le délai d’attente est de près de deux ans, la procédure est donc relativement longue ce qui pourrait décourager certains parents. »
Pour ce qui est du cas concret de Haïti, l’avocat de l’Office pour la protection juridique internationale des enfants attire l’attention sur un autre risque : Haïti n’est pas signataire de la convention de La Haye sur les adoptions d’enfants à l’étranger conclue en 1993. Pour cette raison, les autorités haïtiennes ne sont pas tenues de délivrer des informations sur l’état de santé de l’enfant et de ses parents biologiques, et sur le fait que l’enfant n’est pas l’objet d’un trafic illégal d’enfants.Quant aux psychologues, ils déconseillent, dans leur majorité, l’adoption d’enfants haïtiens, ne serait-ce qu’en raison du risque de séparation de leur milieu naturel qui pourrait aggraver encore le traumatisme dont ils souffrent déjà. Le directeur de l’association People in Need Šimon Pánek qui se trouve sur le terrain souligne pour sa part qu’il arrive parfois que les petits Haïtiens soient placés dans des orphelinats par leurs propres familles qui ne sont pas en mesure de s’occuper d’eux dans le chaos faisant suite au désastre : « Cinq semaines après le séisme, il faut laisser du temps aux familles sinistrées et se concentrer surtout sur l’aide humanitaire pour Haïti. »