Lutter contre la prostitution forcée avec l'aide des clients

Entretien avec Tereza Hulikova de l'Organisation internationale pour la migration. Elle coordonne un projet financé par le ministère de l'Intérieur qui entend inciter les clients des prostituées à faire connaître les cas de trafic humain. Le projet s'appelle « N'aie pas peur de le dire pour elle ».

« Le projet de la campagne remonte à deux ans. En 2005, l'Organisation internationale pour la migration a décidé de faire une recherche sur la prostitution forcée et notamment les clients de la prostitution. Nous avons eu certains résultats qui nous ont mené à la préparation d'une campagne qui a été testée dans deux régions de la République tchèque. »

Ces deux régions, c'étaient celle de Plzen et la Moravie du Sud, des régions frontalières avec l'Allemagne et l'Autriche. Est-ce pour cette raison que le site de la campagne est également en allemand ?

« Exactement. On a voulu s'adresser aux clients qui parlent tchèque. Mais aussi les clients du tourisme sexuel dans les régions frontalières de l'Allemagne et de l'Autriche. »

D'une certaine façon, vous distinguez donc prostitution forcée et prostitution 'voulue' ?

« Tout à fait, en République tchèque il n'existe pas de législation régulant la prostitution, c'est-à-dire que ce n'est ni légal ni illégal. Ce n'est tout simplement pas dans la loi. Avec nos partenaires des ONG, nous estimons que la femme peut faire le travail qu'elle veut, mais nous intervenons à partir du moment où la prostitution n'est pas volontaire. »

Quels sont donc les conseils que vous donnez à ces clients de la prostitution forcée pour reconnaître qu'une jeune femme ou une jeune fille - car certaines son très jeunes - vend son corps contre son gré ?

« Le client doit se rendre compte que la traite des êtres humains existe, même en République tchèque, et qu'il peut rencontrer une femme ou une fille qui ne veut pas forcément lui offrir tous les services qu'il demande. Il peut s'en rendre compte si elle est triste, qu'elle refuse de communiquer, par exemple avec les autres filles de l'établissement. »

Dernière question : en imaginant donc qu'un client vous appelle, quelles sont les étapes suivantes ? Que faites-vous après ?

« Les informations sont reçues par les ONG, ce sont des personnes qui savent exactement quelles questions poser. Si l'information est analysée comme une information grave et qu'il s'avère qu'il s'agit d'une situation de trafic humain, l'information est alors transmise à la police. »