Mali : des soldats tchèques repoussent une attaque contre la mission militaire de l’UE
Résidence de militaires de la Mission de formation de l'Union européenne au Mali (EUTM), l’hôtel Nord-Sud, situé dans le quartier d’affaires ACI 2000 à Bamako, a été la cible d’assaillants armés ce lundi soir. L’attaque à l’arme légère, revendiquée le lendemain par l’organisation djihadiste AQMI, a été repoussée par des soldats tchèques et a fait une victime parmi les agresseurs. Journaliste pour Radio Kledu, média basé dans la capitale malienne, Kassim Traoré a détaillé pour Radio Prague :
Quel rôle ont joué précisément ces soldats tchèques ? Ils assurent systématiquement la garde de cet hôtel ?
« En fait, l’hôtel est entièrement sous contrôle de l’UE parce que c’est le quartier général. Il n’y a pas de clients dans l’hôtel. Donc comme l’hôtel a été donné à l’UE, c’est cette force qui s’occupe de sa sécurité et la sécurité est assurée par rotation selon les pays. Il se trouve qu’au moment de l’incident, ce sont les soldats tchèques qui s’occupaient de la sécurité, qui avaient la garde du bâtiment tout entier. Ils étaient sur les murs, à l’entrée, et ont unis leurs forces pour repousser les assaillants. »
Que sait-on sur les auteurs de cette attaque ?
« L’attaque a été revendiquée par AQMI. AQMI aujourd’hui a beaucoup d’unités combattantes, que ce soit Al-Mourabitoune, Ansar Dine ou le Front national de libération du Macina. En tout cas, quand AQMI revendique, on peut savoir que cela traverse les unités combattantes qu’on appelle aujourd’hui les ‘katibas’. »
Dans son communiqué de presse, l’EUTM indique que le nombre d’assaillants, dont l’un a été « neutralisé », c’est-à-dire tué, n’est pas connu et qu’à ce stade l’affaire fait l’objet d’investigations. Depuis un an, c’est la troisième fois que Bamako est la cible d’attentats. En mars 2015, cinq personnes avaient péri au restaurant La Terrasse lors d’une attaque menée par deux hommes. Le 20 novembre dernier, dans ce même quartier huppé de l’ACI 2000, une fusillade et une prise d’otages avaient fait 22 victimes. Le groupe Al-Mourabitoune, de l'Algérien Mokhtar Belmokhtar, rallié depuis décembre à AQMI, a revendiqué les deux premières opérations et se cacherait dernière la troisième, qui n’aurait pas fait de blessés selon l’EUTM. Kassim Traoré :« L’efficacité des soldats tchèques a été remarquable parce qu’aucun militaire de la mission n’a été touché. Il n’y a pas de victimes, encore moins de blessés. Donc les soldats tchèques ont montré leur efficacité pour faire face à des attaques de ce genre. Cela découle de leur présence sur le sol malien depuis quelques mois. Ils ont aussi compris comment les choses fonctionnent. En collaboration avec les militaires maliens, ils ont quand même pu neutraliser l’un des assaillants et un autre a été blessé. Ce blessé est recherché tout comme les autres assaillants. »
Ce n’est pas la première attaque qui survient dans ce quartier ACI 2000. Il y a eu l’attaque de l’hôtel Radisson en novembre dernier. Quelle est la situation sécuritaire aujourd’hui à Bamako ?
« Vous l’avez dit, le 20 novembre, il y a eu l’attaque au Radisson. Tout le monde a vu ce qui s’est passé. Aujourd’hui les Bamakois vaquent à leurs occupations. Vous savez que dans un premier temps, les soldats tchèques avaient pris tout le contrôle de la périphérie en collaboration avec les militaires maliens qui veillent aux alentours. Aujourd’hui, la périphérie de l’hôtel est sous contrôle des soldats tchèques et le reste de l’ACI 2000 est contrôlé par les militaires maliens et la milice MAA (le Mouvement arabe de l’Azawad pro-Bamako, ndlr). En tout cas depuis ce mardi, les populations vaquent à leurs occupations parce qu’il y a des banques, c’est le quartier des affaires et on ne peut pas tout couper. Mais pour ce qui est des bâtiments en question, on peut dire que les militaires tchèques tiennent bon pour le moment. »Des soldats tchèques qui sont actuellement au nombre d’environ quarante à participer à la mission européenne, laquelle a débuté voici deux ans. Début février dernier, le ministre de la Défense Martin Stropnický (ANO) indiquait toutefois que Prague envisageait de doubler ce contingent militaire.