Visas russes : « un premier compromis européen obtenu à Prague avant d’autres discussions »

Gymnich, le sommet informel des chefs de la diplomatie des pays de l’UE à Prague

Jitka Látal Znamenáčková est l’ambassadrice tchèque auprès du Comité de politique et de sécurité de l’Union européenne.

RPI : Comment évaluez-vous les résultats du Gymnich, le sommet informel des chefs de la diplomatie des pays de l’UE, qui s’est tenu à Prague cette semaine avec comme thème principal la question des visas touristiques accordés aux ressortissants russes ?

Jitka Látal Znamenáčková | Photo: Comité de politique et de sécurité de l’UE/MZV ČR

Jitka Látal Znamenáčková : « Le Gymnich de Prague a été un succès, particulièrement dans ce domaine des visas. La réaffirmation de l’unité des Etats-membres était très importante, avec l’accord politique visant à suspendre la facilitation des visas avec la Russie. »

Les ministres ont convenu de suspendre cet accord de facilitation d’obtention de visas qui datait de 2007. Il faut rappeler que la Tchéquie poussait avec d’autres pays de l’UE pour l’interdiction complète de visas touristiques Schengen aux citoyens russes, mais il a fallu trouver un compromis avec les partenaires européens…

« C’est vrai, c’est un compromis et pour l’avenir on verra. Il y a plusieurs Etats-membres qui souhaitent avoir des conditions plus strictes pour restreindre ou arrêter les visas pour les ressortissants russes… »

C’est le cas notamment de la Finlande qui a annoncé jeudi la réduction du nombre de ces visas et la réduction du nombre d’endroits où les Russes pourront déposer une demande. Cela signifie que chaque Etat va prendre des mesures individuelles ?

« Cela signifie que le débat ne fait que commencer au sein du Conseil, car il y aura des discussions dans les groupes de travail avant une décision formelle du Conseil. La possibilité de prendre d’autres mesures est ouverte. »

Photo illustrative: Alexander Nrjwolf,  Unsplash

Pensez-vous que le point de vue défendu non seulement par la Tchéquie, qui préside actuellement le Conseil de l’UE, mais aussi et surtout par les pays frontaliers de la Russie (Pologne, Finlande et pays baltes) sera celui qui va finir par s’imposer ?

« On verra… La présidence tchèque est prête à faciliter les discussions à venir sur d’autres mesures. Cela dépendra des dynamiques au sein du Conseil. »

La Tchéquie a été le premier pays de l’Espace Schengen après l’invasion de l’Ukraine le 24/02 à mettre un terme aux visas touristiques pour les citoyens russes (et biélorusses), soumis désormais à des critères stricts. Ces critères sont-ils toujours les mêmes ?

« Oui. »

Parvient-on à protéger de manière suffisante les citoyens russes qui souhaitent quitter leur pays pour des motifs politiques ou humanitaires ?

« Absolument, il y a des dérogations pour motif humanitaire. C’est un point important sur lequel la présidence tchèque a insisté. »

Afrique : « La guerre russe en Ukraine a changé beaucoup de choses »

L’Afrique a également fait l’objet de discussions lors de ce Gymnich de Prague, avec notamment la situation au Sahel et la manière d’y contrer « le narratif russe ». Dans quelle mesure l’UE est-elle prête à s’investir davantage dans ce domaine, notamment au Mali où sont encore présents des soldats tchèques ?

« C’est un sujet important qui a été débattu par les ministres à Prague dans le cadre des relations cruciales entre l’UE et l’Afrique. La guerre russe en Ukraine a changé beaucoup de choses. Il y a plusieurs niveaux de l’activité européenne en Afrique : la communication pour combattre ce narratif russe et la présidence tchèque est très active dans ce domaine avec plusieurs événements prévus cet automne. Nous devons également aider nos partenaires africains à faire face aux problèmes du changement climatique, du Covid et désormais aussi de la crise alimentaire. »

La mission EUTM Mali | Photo: Lada Ferkálová,  praporčík J.H.,  Armée tchèque

Combien de temps les soldats tchèques, qui assurent actuellement le commandement de la mission EUTM Mali de formation des forces maliennes, vont-ils rester sur place ?

« Ils resteront jusqu’à fin décembre et puis on va voir ce qui sera décidé à propos de la mission européenne entre les Etats-membres. »

Nous en sommes au premier tiers de cette présidence tchèque de l’UE. Quelles sont les prochaines échéances importantes pour vous ?

« Il y en a plusieurs, notamment le Sommet entre l’UE et Israël, puis le Sommet des chefs d’Etat et de gouvernement à Prague début octobre à Prague. Il y aura également d’autres événements liés aux questions de sécurité et à ces questions des missions européennes en Afrique. »

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