Mine de Turów : coup de froid entre Varsovie et Prague
Après une plainte déposée par le gouvernement tchèque, la Cour européenne de justice a condamné la Pologne à payer une amende journalière de 500 000 euros faute d’avoir stoppé l’extraction dans la gigantesque mine à ciel ouvert de lignite de Turów. Située dans le sud de la Pologne, à proximité des frontières avec la République tchèque et l’Allemagne, la mine est devenue ces dernières années l’un des principaux sujets de discorde environnementale entre les trois pays.
La décision de la Cour européenne de justice, communiquée mardi, a aussitôt était qualifiée de « mauvaise » par le Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki, qui a accusé la République tchèque de se comporter « absolument sans bonne volonté ». Ce jeudi, le porte parole du gouvernement polonais a annoncé l'annulation du voyage du Premier ministre à Budapest, où il devait participer à un sommet démographique. Le portail d’information wPolityce.a suggéré que la présence du chef du gouvernement tchèque Andrej Babiš au sommet était à l'origine de cette annulation.
Lors du sommet démographique, organisé ces jeudi et vendredi, Mateuzs Morawiecki devait participer à un débat aux côtés de son collègue slovène Janez Janša, l’ancien vice-président américain Mike Pence et le président serbe Aleksandar Vučić. La Pologne y sera toutefois représentée par la ministre de la Famille et de la Politique sociale.
Selon le site Wirtualna Polska, le Premier ministre Morawiecki envisage de mettre fin à la participation du pays aux réunions du groupe de Visegrád (composé de la Hongrie, la Pologne, la République tchèque et la Slovaquie). Lors de la conférence de presse qu’il a donnée mardi, le Premier ministre polonais a déjà évoqué une forte détérioration des relations bilatérales avec la République tchèque, en raison du différent sur la question de la mine de Turów.
Cette mine de lignite continue de fonctionner, malgré la décision de mai dernier de la Cour européenne de justice d’arrêter immédiatement les activités minières. Celle-ci faisait suite à une plainte déposée par le gouvernement tchèque, qui affirme que l'activité minière à la frontière des deux pays cause des dommages graves, potentiellement irréversibles. Parmi ses conséquences négatives critiquées par Prague figurent une faible alimentation en eau potable des communes voisines tchèques, la baisse du niveau des eaux souterraines, ou encore la pollution sonore et de l’air.
La CJUE a ordonné l’arrêt de l’exploitation minière jusqu’à son verdict dans ce litige. Désormais, la Polgne sera donc obligée de payer 500 000 euros par jour tant que la gigantesque mine de charbon de Turow reste active.
Pour sa part, la Pologne s'est opposée au jugement et a demandé à la Cour de l'annuler, arguant qu'un arrêt soudain de l'exploitation minière pourrait provoquer une catastrophe environnementale et des pertes économiques considérables.
La République tchèque considère la décision de la CJUE comme un succès, mais a fait savoir, par le biais des ministres des Affaires étrangères et de l'Environnement, qu'elle entendait bien poursuivre les négociations visant à conclure un accord avec la Pologne qui mettrait fin au litige.
Par ailleurs, des groupes composés d’experts tchèques et polonais travaillent intensément sur le projet de cet accoord intergouvernemental. Leur prochaine rencontre est prévue pour ce vendredi.