Née il y a quarante ans à Stockholm, la Fondation de la Charte 77 poursuit ses activités
L’histoire de la Charte 77, cette fameuse pétition des dissidents réclamant le respect des droits de l’Homme dans la Tchécoslovaquie communiste est bien connue, celle de la Fondation de la Charte 77 l’est peut-être un peu moins. Le 40e anniversaire de la naissance de cette initiative, créée le 20 décembre 1978 à Stockholm, mérite d’être rappelé : destinée à soutenir les personnes persécutées par le régime totalitaire, la Fondation de la Charte 77 est devenue, au lendemain de la révolution de Velours, la première organisation caritative dans la Tchécoslovaquie post-communiste.
« Une organisation suédoise a décidé d’attribuer le prix Monismanien au mouvement de la Charte 77. Après avoir reçu ce prix, en décembre 1978, en tant que représentant du mouvement, j’ai créé un compte bancaire appelé la Fondation de la Charte 77. Ensuite, j’ai commencé à distribuer l’argent déposé sur le compte aux porte-paroles de la Charte 77. Nous avons lancé un appel et les gens nous envoyaient de l’argent. Ils voulaient faire face aux pratiques despotiques du régime du président Husák, à l’emprisonnement des opposants à ce régime. Les sommes que nous avons ainsi réunies, nous les avons redistribuées aux citoyens tchécoslovaques persécutés. »
Les activités que la Fondation de la Charte 77 développe depuis la Suède sont vastes et variées : elle apporte, entre autres, un soutien à la culture tchécoslovaque non-officielle, en diffusant des films et des livres interdits par la censure communiste.
« Avant la révolution de 1989, nous avons envoyé dans l’ancienne Tchécoslovaquie une centaine d’ordinateurs et d’imprimantes », précise František Janouch.
Après la chute du régime communiste, le siège de la Fondation de la Charte 77 déménage à Prague. L’organisation contribue au développement de la société civique, apportant un soutien aux nouveaux titres de presse et maisons d’édition. Mais surtout, la Fondation organise la première collecte humanitaire dans le pays qui permet en 1992 de financer l’achat par l’hôpital pragois Nemocnice Na Homolce du Leksell gamma knife, un appareil avec lequel on peut opérer le cerveau sans ouvrir la boîte crânienne. Les Tchèques et les Slovaques arrivent ainsi à collecter une somme vertigineuse de 100 millions de couronnes et permettent ainsi de sauver la vie du premier patient opéré à l’aide de cet appareil, un petit garçon slovaque prénommé Míša qui a donné son nom à cette collecte de fonds massive (« Konto Míša »).Désormais, la Fondation de la Charte 77 se concentre sur des activités caritatives. Elle lance notamment le projet « Konto Bariéry » (« Le Compte Barrières »). Les contributions régulières d’environ 50 000 donateurs tchèques permettent d’améliorer la vie des personnes souffrant d’un handicap physique, comme l’explique Božena Jirků, à la tête de ce projet qui existe depuis plus de vingt ans :
« Nous aidons les personnes handicapées à trouver un emploi, nous leur fournissons une assistance et l’équipement dont ils ont besoin. Tout cela est possible grâce aux contributions de nos dizaines de milliers de donateurs. En général, ils ne nous envoient que vingt couronnes par mois (moins d’un euro, ndlr). C’est une somme minime, mais elle permet de faire de bonnes choses. »Parmi les autres activités de la Fondation de la Charte 77 figurent des ventes aux enchères d’œuvres d’art ou encore des projets qui ciblent les seniors ainsi que les personnes qui se sont retrouvées en difficultés suite à un accident ou à une maladie grave. La Fondation de la Charte 77 décerne également plusieurs prix qui récompensent l’engagement citoyen, la défense des droits de l’Homme ou encore des contributions exceptionnelles à la littérature.