Les monuments historiques après les inondations

Le pont Charles, 13.8.2002

Lorsque la crue s'est approchée de la capitale Prague, les pensées de ses habitants se dirigeaient notamment vers le monument historique le plus chéri, le pont Charles. Résistera-t-il? Par rapport aux inondations de 1890, où l'eau déchaînée a emporté la moitié de ce bijou gothique, cette année, le pont a résisté, grâce aux cintres en béton autour des piliers centraux, qui y avaient été construits après les inondations de la fin du XIXe siècle. Malheureusement, beaucoup d'autres monuments historiques n'ont pas eu cette chance.

Le pont à Pisek après les inondations,  photo: CTK
Nous sommes à Pisek, ville historique en Bohême du sud, le 14 août 2002. Construit dans la seconde moitié du XIIIe siècle, le plus ancien pont tchèque, plus ancien même que le pont Charles de Prague, est complètement caché sous la crue déchaînée. L'eau a dépassé les bords du pont et s'est mise à affouiller le pavé en pierre, vieux de sept cents ans. Ceux qui regardaient ce spectacle ne voyaient que les statues de quatre saints tchèques. Tout d'un coup, des morceaux de bois ont fait tomber dans l'eau la balustrade en pierre et l'eau a emporté la sculpture d'un ange. En fin de compte, le pont construit autour de l'an 1250, de même que les sculptures mentionnées, a résisté à la crue. Cela grâce, notamment, à une reconstruction d'envergure réalisée dans les années 1996-1997, explique le maire de Pisek, Lubos Prusa. Pour sauver le pont, au lendemain des inondations déjà, la ville a organisé une collecte. Selon le maire, la reconstruction coûterait entre 4 et 8 millions de couronnes. La ville veut l'achever avant l'arrivée de l'hiver.

Nous sommes à Terezin. Pendant la guerre, cette ville, fondée en 1780, sous l'empereur Joseph II, et qui porte le nom de l'impératrice Marie-Thérèse, a été transformée en un ghetto où périrent des dizaines de milliers de prisonniers. Plus de cinquante ans après la guerre, la ville a vécu une nouvelle catastrophe - les inondations l'ont transformée en un grand marais. La ville entière, ainsi que le Mémorial national dans la Petite forteresse et le Cimetière national ont été dissimulés sous l'eau. En effet, une série de couloirs souterrains et les casemates ont permis à l'eau d'aller un peu partout. Entre les remparts de l'ancienne forteresse militaire datant du XVIIIe siècle, qui entourent la plus grande partie de Terezin, le niveau de l'eau était de plusieurs mètres. Les dégâts sont estimés à plus de 60 millions de couronnes. Grâce à un groupe de professionnels et des volontaires qui travaillaient de toutes leurs forces, une partie de Terezin a pu être ouverte la semaine dernière déjà.

Les châteaux non plus n'étaient pas épargnés des inondations. Le château Renaissance de Libechov, dans la région de Melnik, abrite l'exposition de l'art asiatique. Heureusement, ses employés ont réussi à transporter cette collection précieuse dans les étages supérieurs. Les murs du château sont décorés de peintures murales de Josef Navratil et de Quido Manes, inspirées par l'art asiatique. Restaurée, il y a deux ans, elles ont été complètement abîmées par l'eau. Le château restera fermé, jusqu'à la fin de l'année, et le coût de sa reconstruction est estimé à 50 millions de couronnes.

Le château de Veltrusy, sur la rive droite de la Vltava, également dans la région de Melnik, abrite des collections de porcelaine de Vienne, de Meissen et de Chine, de tapisseries hollandaises et d'autres objets d'art précieux. Le parc de Veltrusy abrite de nombreux édifices romantiques, dont le pavillon Laudon, un temple dorien, un cabinet égyptien avec sphinx, le Moulin Rouge néo-gothique, etc. Dans le parc à gibier attenant, on élève un troupeau de daims. L'eau a détruit tout le pavillon Laudon, a renversé plus d'une centaine d'arbres centenaires, plusieurs daims sont morts et une vague de trois mètres est passé par les serres historiques et le jardin de fleurs. En dépit du danger, les employés du château sont restés dans le château, durant et après les inondations, pour sauver ce qu'ils pouvaient, constate avec satisfaction un employé de l'Institut de protection des monuments historiques.

Église St. Cyrile-et-Méthode de Karlin après les inondation
Retournons maintenant à Prague. Parmi les monuments historiques les plus touchés dans le quartier de la Vieille-Ville, il y a des synagogues, dont notamment la synagogue Vieille-Nouvelle et la synagogue Pinkas, se plaint le directeur du Musée juif de Prague, Leo Pavlat. La synagogue Pinkas est restée noyée pendant deux jours dans un lac profond de 1,5 mètres. Dans le bain rituel, mikvé, l'eau sale est restée pendant une semaine, le crépi contenant les noms de 80 000 victimes de l'holocauste de Bohême et de Moravie s'est fêlé. Les réparations demanderont 120 millions de couronnes.

Parmi les villes les plus touchées, il y a sans doute Cesky Krumlov, ville historique inscrite sur la liste du Patrimoine mondial de l'UNESCO. Le cours de la Vltava divise la ville en deux parties, la ville en tant que telle et le château avec son faubourg Latran. L'eau a abîmé la façade de beaucoup de maisons anciennes, Renaissances et baroques. L'eau est montée à la hauteur de trois mètres, dit le propriétaire de l'une des maisons historiques les plus précieuses, Chez deux Maries, construite au XVe siècle. Actuellement, la majorité des pensions, hôtels et restaurants sont déjà ouverts, et la ville continue à organiser des concerts et à collecter l'argent pour que la vie revienne à la normale, le plus tôt possible. Elle invite, aussi, les touristes étrangers à ne pas annuler leurs séjours dans cette belle ville.

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Auteur: Astrid Hofmanová
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