Campagne contre le racisme
Nous vous avons souvent parlé d'un problème qui afflige la société tchèque, depuis son retour à la démocratie, après la Révolution de velours de 1989. Cela ne veut pas dire que ce problème n'existait pas avant, mais avec la censure communiste on n'en parlait que très peu. Il s'agit du problème du racisme, de certaines tendances extrémistes qui s'y identifient, que ce soit le mouvement des skinheads ou autres. En dehors des mesures prises par les autorités, que fait la société contre ce problème. C'est le sujet dont nous avons choisi de parler dans la République tchèque au quotidien.
Cette année, ce sera pour la quatrième fois que le gouvernement de la République tchèque organise la « Campagne contre le racisme ». C'est un projet d'une très large envergure dont l'objectif est d'exploiter au maximum la prévention contre les actes de racisme, de discrimination raciale ou de xénophobie. Ce projet vise, aussi, le soutien à la tolérance et la formation à la connaissance mutuelle entre les différentes ethnies. En effet, les autorités sont pleinement conscientes du fait que la criminalisation et la répression des actes liés au racisme ne suffisent pas. Mieux, elles ne sont pas les plus importantes. Il semble, de plus en plus, que le plus important, vraiment, est la formation et la prévention. Pour cela, les actions et manifestations qui ont eu lieu en 2002 étaient, en premier lieu, orientées vers la jeunesse. La « Campagne contre le racisme » était constituée de quatres projets fondamentaux. Tout d'abord de l'information et de la musique, avec le festival Music Beats Local Nazi, qui a eu lieu à la mi-septembre, à Prague. Son objectif : attirer l'attention des jeunes sur l'existence du racisme et de la xénophobie au sein de la société tchèque. Plus de 10 000 jeunes y ont participé. La Télévision tchèque a présenté, à cette occasion, un grand nombre de documents sur le racisme et la discrimination.
Dans le cadre de la Campagne contre le racisme, l'organisation « La société et la tolérance » a organisé, elle, une action intitulée « Le chemin commun ». C'était un projet de grande envergure aussi, avec la participation de 3000 étudiants des écoles secondaires de toute la République. En quoi consistait-il ? En l'envoi de groupes de quatre personnes dans les écoles secondaires pour discuter avec les étudiants de la xénophobie, des préjugés raciaux, de la multiculture. Le plus intéressant dans ce projet était certainement la composition des groupes. Il y avait toujours un lecteur rom, un étudiant tchèque, un étudiant étranger et un réfugié. Cela donne une idée de la largeur des sujets qui ont pu être discutés, lors de ce Chemin commun, qui a duré trois mois. Le Chemin commun a aussi réalisé un sondage auprès des étudiants des écoles secondaires tchèques. Il en a découlé que les jeunes ne ressentaient pas, dans leur grande majorité, de forts sentiments racistes envers des personnes d'une autre couleur. D'un autre côté, ils ne se déclarent pas trop pour la coexistence, par exemple le mariage entre des individus de races différentes. Le sondage a été réalisé en collaboration avec l'Institut Gallup en République tchèque.
Comme vous pouvez le constater, cette campagne contre le racisme s'est orientée, surtout, vers la formation, la connaissance, l'éducation. Pour cela, un autre projet intitulé « La diversité dans les bibliothèques » en faisait aussi partie. Son objectif était de faire connaître les diverses cultures cohabitant sur le territoire de la Tchéquie aux plus grand nombre de personnes possibles. De nouveau, il s'agissait, en premier lieu, de la jeunesse. Les auteurs du projet ont choisi 9 titres concernant les thèmes multiculturels et les minorités nationales. Ces ouvrages furent envoyés, gratuitement, dans 500 bibliothèques de la République tchèque. C'est ainsi que Jan Vavra, de l'organisation La société - Tolérance, parle du projet « La diversité dans les bibliothèques :
Il faut dire que ce projet s'est déroulé sous une appellation assez provocatrice « Hommes, lisez » ! Une paraphrase de la mise en garde contre le fascisme du journaliste communiste tchèque, Fucik.
Peu de personnes savent qu'il existe un service qui se nomme Le travail social de terrain. C'est l'une des activités les plus difficiles du centre rom de Brno, le DROM. Ces services sont orientés vers les groupes ethniques les plus pauvres. Ce sont souvent de véritables enclaves de pauvreté, dans certaines régions de la République tchèque. Il s'agit, le plus souvent, de communautés rom. Le DROM s'efforce d'aider ces communautés à retrouver une vie normale. Malheureusement, il doit faire face à l'incompréhension, par exemple en matière d'emploi. Les Roms, en effet, sont les plus nombreux dans les rangs des chômeurs. Ces personnes des plus démunies se regroupent souvent dans certaines régions de la campagne, ou certains quartiers des villes. On pourrait parler d'une sorte de ségrégation. Pour cela, les employés des services du Travail social de terrain, sont spécialement formés à l'information la plus large et la plus complète. En premier lieu, il faut, par exemple, persuader un patron qu'il aura tout à gagner en employant un Rom au chômage. Ce n'est pas facile, mais le DROM de Brno a pleinement conscience du fait que l'un des plus gros problèmes de la communauté rom est, justement, le chômage.
Vous vous direz, certainement, mais quel a été le résultat d'un projet d'une telle envergure ? Naturellement, et ce n'était pas son objectif, on ne peut pas dire qu'il a créé tant ou tant d'emplois. Par contre, des milliers de jeunes ont appris comment vivaient leurs petits copains d'école rom, quels étaient les problèmes qu'ils rencontraient dans leurs familles, leur entourage. Ils ont appris que le petit tzigane du coin est, certes, d'une autre ethnie, mais que celle-ci possède son histoire, sa culture...Tous les jeunes étudiants, qui ont participé, ou ont été concernés par la Campagne contre le racisme ont donc surtout appris la tolérance envers les autres, qu'ils soient de couleur, de langue, de religion ou de race différentes. La Campagne contre le racisme 2003 a déjà été lancée, et les organisateurs affirment qu'elle touchera encore un plus grand nombre de personnes vivant sur le territoire de la République tchèque. Les médias, qui n'étaient pas absents en 2002, prévoient une plus grande assistance et participation encore.
Nous avons surtout évoqué la communauté rom, mais il ne faut pas oublier que les manifestations de racisme, de xénophobie touchent aussi d'autres ethnies, que ce soient les étudiants étrangers, nombreux en Tchéquie, ou les réfugiés, de passage ou demandeurs d'asile.