Migration de masse des Roms slovaques en direction de la Tchéquie

Photo: Mark Wiedorn

Des centaines, peut-être même des milliers de Roms slovaques quittent chaque mois leur pays pour rejoindre la République tchèque. Leur objectif : obtenir de meilleures allocations sociales de l'autre côté de la frontière, soit en demandant l'asile ou en s'installant chez des membres parents de leur famille. Cet inquiétant exode sera l'un des thèmes abordés par les Premiers ministres des deux pays à l'occasion de la visite de Mikulas Dzurinda à Prague.

Alors qu'ils n'étaient encore qu'un peu moins de 850 à avoir fait une demande d'asile en 2002, les Roms slovaques désirant vivre en République tchèque sont, désormais, toujours plus nombreux. Ainsi, pour les quatre premiers mois de cette année, plus de 400 adultes, accompagnés de leur famille, ont déjà fait les démarches nécessaires auprès des services d'immigration tchèques. Et selon les spécialistes de la problématique rom, ce chiffre, qui ne représenterait que la face visible de l'iceberg, serait encore loin de refléter une réalité nettement plus alarmante. Dans un entretien accordé au quotidien Mlada fronta Dnes, le Premier ministre slovaque, Mikulas Dzurinda, n'a d'ailleurs pas caché qu'il considérait la migration de ses concitoyens comme un problème inquiétant pour les relations tchéco-slovaques. Il profitera donc de sa visite à Prague, en cette fin de semaine, pour s'en entretenir avec son homologue tchèque, Vladimir Spidla, les deux hommes s'accordant sur la partition à jouer en la matière.

La restriction des allocations sociales à un maximum de 10 500 couronnes slovaques, soit 255 euros, par mois et par famille, quel que soit le nombre d'enfants, est la cause de l'augmentation sensible du nombre de Roms slovaques demandeurs d'asile. Officiellement, ces derniers se classent au troisième rang des peuples demandeurs d'asile en République tchèque, derrière les réfugiés tchétchènes et les Ukrainiens. Mais, selon d'autres sources, officieuses celles-ci, plus de 20 000 Roms slovaques auraient franchi la Morava, rivière qui sépare les deux pays cousins, depuis juin 2002. La grosse majorité d'entre-eux est originaire des villages roms situés dans l'Est de la Slovaquie, région la plus pauvre du pays. Se retrouvant donc, après la récente réforme sociale dans leur pays, à la limite du seuil de pauvreté, ils sont logiquement de plus en plus nombreux à voir en la Tchéquie, après la Grande-Bretagne ou la Belgique, leur dernier espoir, une terre d'asile plus accueillante.