Un geste d'excuse envers les Allemands tchèques
Le gouvernement tchèque veut dédommager les Allemands tchèques qui n'ont pas été transférés de Tchécoslovaquie après la Deuxième Guerre mondiale. Le dédommagement ne concerne pas les Allemands des Sudètes vivant à l'étranger.
Le projet vient d'être présenté par le vice-Premier ministre, Petr Mares, de l'Union de la liberté-Union démocratique. Selon lui, les torts qui ont été causés aux Allemands restés en Tchécoslovaquie après la guerre ont été nombreux. A titre d'exemple, les autorités d'après-guerre ne reconnaissaient pas la qualification que les Allemands tchèques avaient reçue dans les écoles allemandes sous le régime nazi. Ils devaient donc occuper des postes moins importants. « En contradiction avec la législation d'alors, les autorités tchèques ont aussi diminué leurs salaires, mesure qui se reflète aujourd'hui sur le montant des pensions de retraite », se plaint Martin Dzingel, secrétaire de l'Association des Allemands de Bohême, de Moravie et de Silésie. Ajoutons encore que les Allemands tchèques étaient contraints à des travaux forcés, pendant les moissons, par exemple, ou ont encore été violemment dispersés à travers le territoire tchécoslovaque. Le projet de Petr Mares propose donc d'augmenter leurs pensions de retraite, sinon au moins de trouver une autre forme de dédommagement.
Et quelle est la réaction de la représentation politique à ce geste de bonne volonté ? Très réservée, voire négative. Les communistes sont résolument contre. Leur leader, Miroslav Grebenicek, accuse même l'auteur du projet de violer des accords internationaux et « d'agir contre la volonté du peuple ». Le vice-président de l'ODS, Jan Zahradil, est lui aussi contre. Il considère ce dédommagement comme inopportun. « Ainsi, on ouvrirait la porte aux revendications des Allemands des Sudètes. Une fois cette porte entrouverte, ils frapperont plus fort », estime Jan Zahradil.
Pour le moment, on ne connaît pas encore le nombre exact de personnes qui pourraient bénéficier de ce dédommagement. L'Association des Allemands de Bohême, de Moravie et de Silésie compte environ 7500 membres. Lors du dernier recensement, 38 000 personnes ont revendiqué la nationalité allemande en République tchèque et 12 000 ont indiqué l'allemand comme leur langue maternelle.