La mobilisation de l'armée tchécoslovaque, en septembre 1938

Adolf Hitler

Dans des régions, le long des frontières de la République tchèque, on trouve aujourd'hui encore des constructions gigantesques en béton et en fer en état de conservation différent. Il s'agit de l'ancien système de fortifications édifié dans les années 1935 - 1938 pour la défense de la République tchécoslovaque contre Hitler. Cette défense est devenue, hélas, impossible, après que la conférence de Munich a laissé Hitler annexer les territoires limitrophes tchécoslovaques. Les fortifications le long de la frontière sont des témoins tacites de ces événements dont 65 années nous séparent, cette année...

Adolf Hitler
Les fortifications tchécoslovaques comptaient parmi les systèmes de défense les plus parfaits en Europe. Leur conception partait du modèle français, d'où leur surnom la petite ligne Maginot. En 1936, on commence par l'édification de fortifications légères destinées à protéger les endroits stratégiques à proximité étroite des frontières: voies ferrées, ponts, carrefours. Dans les années 1937 - 1938, on continue par l'édification de constructions en ligne ininterrompue, tout au long de la frontière nord, pour prévenir l'éclatement de la République, après l'attaque supposée de l'armée allemande du nord... Presque 10 000 constructions sont édifiées à cette fin dans la zone nord du pays. Quelques-unes des anciennes fortifications, en Bohême et en Moravie du nord, sont aujourd'hui accessibles aux visiteurs, telles la forteresse Stachelberg ou Hanicka.

Neville Chamberlain
La mobilisation générale de l'armée tchécoslovaque est décrétée le 23 septembre 1938. Le gouvernement tchécoslovaque réagit à l'évolution dramatique des événements. Le 15 septembre, à une rencontre à Berchtesgaden, Hitler convient avec Chamberlain des revendications vis-à-vis de la Tchécoslovaquie. Le 19 septembre, les gouvernements de Grande-Bretagne et de France appellent le gouvernement tchécoslovaque à accepter ces revendications et céder les régions limitrophes des pays tchèques et moraves habitées à 50% par la population allemande. Le gouvernement rejette cette revendication. Le 22 septembre, à une rencontre à Godesberg, Hitler et Chamberlain formulent de nouvelles revendications à l'égard de notre pays. Le gouvernement y répond en décrétant la mobilisation générale. Dans une note remise, le 25 septembre, au gouvernement britannique, le gouvernement de Prague refuse catégoriquement les revendications formulées dans le mémorandum de Godesberg. Les événements qui suivent sont connus: le 29 septembre, Hitler, Mussolini, Chamberlain et Daladier signent à Munich les accords sur l'annexion des territoires limitrophes tchécoslovaques par l'Allemagne. Le lendemain, le gouvernement tchécoslovaque se soumet à ce diktat. L'occupation des Sudètes commence le 1er octobre.

La mobilisation générale de l'armée tchécoslovaque est précédée par la convocation des réservistes, le 13 septembre 1938. Le président Edvard Benes nomme le général Ludvik Krejci commandant en chef de la mobilisation. L'état-major est implanté à Klanovice, dans la banlieue de Prague. La présentation des réservistes est immédiate, les premiers arrivent au bout d'une heure. Leur décision de défendre le pays est massive. Le manque de réservistes allemands ignorant l'ordre de mobilisation est compensé par les volontaires tchèques et moraves. Le 26 septembre, l'état-major de la mobilisation se déplace à Vyskov, près de Brno. Le château de Racice devient le siège du commandant en chef et le lieu d'où la défense de la Tchécoslovaquie doit être dirigée.

Le volume des forces mises à la disposition de la défense du pays est spectaculaire: 14 corps de commandement, 34 divisions d'infanterie, 4 divisions rapides, 3 formations spéciales, dont deux d'une force de division d'infanterie, une d'une force de brigade. Une brigade des forces de l'air munie d'avions de bombardement lourds est prête à bombarder l'ennemi à la frontière sud et nord. Dans le même temps, tout est prêt pour accueillir 2 escadres d'aviation française conformément aux conventions de 1934. La défense aérienne est assurée par l'artillerie antiaérienne et l'aviation de chasse. Prague est le principal lieu protégé. Certaines usines d'armement, dont celles de Vsetin, de Povazska Bystrica et d'Uhersky Brod, prennent spontanément part à la défense, en achetant avec leurs propres moyens des mitrailleuses. La défense est renforcée par environ 260 fortifications lourdes et 9630 légères. La ligne tchécoslovaque appelée Maginot est fort redoutée de la part de la Wehrmacht allemande. Hitler laisse même entendre que des pertes similaires à celles de Versailles ne sont pas à éviter.

Parallèlement à la mobilisation, on procède à l'évacuation des cibles stratégiques et des objets précieux de la Bohême en Moravie orientale et même en Slovaquie. Ainsi, on évacue les entreprises d'armement Skoda de Plzen à Dubnice nad Vahom, en Slovaquie. En strict secret, les joyaux de la couronne de Bohême et le trésor en or de la république sont déplacés de Prague à Zilina.

La mobilisation est achevée avec succès. Or finalement, elle ne sert à rien. Les accords de Munich y mettent fin. Après une évaluation des facteurs politiques et militaires, le gouvernement tchécoslovaque finit par accepter, le 30 septembre, les conditions de Munich. L'ordre de démobilisation donné le 6 octobre suscite un désaccord général dans l'armée. La déception des hommes du rang prêts à combattre est inimaginable. Le système de défense édifié pendant des années s'écroule. Le pays se retrouve dans un isolement international presque total.