Le "bio" en République tchèque, un marché porteur?

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Le marché mondial du Bio, c'est 25 milliards de dollars par an, une croissance annuelle moyenne de 8% et des consommateurs qui se concentrent dans les pays industrialisés. Si les premiers essais de propagation d'une nourriture saine issue d'une agriculture biologique remontent au début du XXe siècle, ce n'est qu'au début des années 1990 que ce secteur connaît un succès grandissant auprès des consommateurs. C'est à ce moment-là d'ailleurs que l'Union Européenne vient offrir un cadre légal aux produits issus de l'agriculture biologique en émettant une directive. Le « bio » en République tchèque fait aussi son bout de chemin, depuis la révolution de velours, et plus particulièrement depuis 2-3 ans, comme l'explique Marketa Doubravska, responsable développement au sein de l'Association tchèque des agriculteurs biologiques.

"Si on compare les chiffres, en 2002, on recensait 92 entreprises s'occupant de la transformation de produits issus de l'agriculture biologique, contre 75 seulement en 2001. Le nombre de vendeurs a lui aussi connu une augmentation. De 47 en 2001, ils sont passés à 164 en 2002. Et ils sont au nombre de 300 aujourd'hui, donc les chiffres gonflent réellement."

"En ce qui concerne les exportations, la Tchéquie se concentre surtout sur la matière première, comme le blé ou d'autres céréales produites en abondance ici. En 2003, plus de 9000 tonnes de céréales, soit 60% de l'exportation globale en produit biologiques, sont allées vers l'Autriche, qui est notre premier partenaire. Entre 2001 et 2002, les exportations sont restées semblables, mais elles ont presque triplé de 2002 à 2003."

"En ce qui concerne les importations, en 2003, des produits bio ont été acheminés de 35 pays différents, notamment d'Asie pour ce qui est des fruits secs ou des noix. Il s'agissait, en tout, de 576 types de produits importés en 2003, ce qui correspond à 41% de l'ensemble des produits bio que l'on trouve sur le marché tchèque. Par rapport à 2002, ces importations ont augmenté de 4%."

Ceci montre bien que le consommateur tchèque, est de moins en moins indifférent à sa santé et donc à son mode de nutrition. L'intérêt pour les produits biologiques va grandissant, notamment au sein d'une nouvelle classe moyenne plutôt aisée, et le consommateur tchèque est prêt à essayer tout ce qu'il pourra trouver sur le marché.

"La demande en produits bio, du fait d'une carence en producteurs et donc d'une offre restreinte, se limite, en quelque sorte, d'elle-même. Les consommateurs ne veulent acheter que ce qu'ils trouvent sur le marché. Les produits les plus stables sont les céréales, les produits secs, comme les farines, les légumineux, ou encore les pâtes ou les thés. Pour ceux-la, l'offre correspond à la demande. Mais, dernièrement, les consommateurs réclament de plus en plus d'autres types de produits comme de la volaille issue de l'élevage biologique, ou encore des oeufs bio, des fruits et légumes, et des produits laitiers. Or ces produits manquent encore sur le marché tchèque, à cause d'un insuffisance de producteurs de bio, et aussi parce la politique de subvention du ministère de l'Agriculture est faite de telle manière que les agriculteurs et producteurs s'orientent forcément vers la production laitière et l'élevage."

Pour satisfaire et assurer la qualité d'un véritable produit biologique, il existe en République tchèque un label BIO, qui correspond à une loi nationale sur l'agriculture biologique, et dont les produits sont sélectionnés et approuvés par un organe de contrôle. Or il est question de supprimer cette loi, ce qui aurait pour effet d'enlever le caractère jusqu'ici obligatoire du label BIO, et de désorienter le consommateur. Les associations de protection des consommateurs et de soutien aux produits biologiques réfléchissent pour cela à un moyen de maintenir une reconnaissance au niveau national des produits biologiques testés et approuvés comme tels. Ils luttent contre la mise en place d'un système ou la place serait prise par toutes sortes de marques qui se diront biologiques, mais qui, sans contrôle, n'offriront aucune garantie aux consommateurs.

Si le secteur du bio doit encore faire face à quelques problèmes de reconnaissance, les perspectives d'évolution dans les prochaines années sont plutôt optimistes, puisque qu'un plan d'action visant à soutenir l'agriculture et le marché du bio dans plusieurs pays européens sera bientôt lancé par l'Union européenne. La Tchéquie a en quelque sorte devancé cette initiative.

"A l'heure actuelle, la part des terres utilisées pour l'agriculture biologique en Tchéquie constitue 6% de l'ensemble des terres cultivables, un chiffre qui rivalise avec les plus grands pays spécialisés dans l'agriculture biologique et qui vaut à la République tchèque une huitième place sur l'échelle mondiale. Suite à l'adoption d'un Plan d'Action national pour le développement de l'agriculture biologique en République tchèque, ce pourcentage devrait être augmenté et atteindre les 10% en 2008. Ce plan soutient entre autres une meilleure information pour les consommateurs et une meilleure propagation des produits biologiques."

Pour plus d'informations: www.pro-bio.cz

Auteur: Agnès Vaddé
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