La route est encore longue avant la formation d’un nouveau gouvernement
Essentiel pour obtenir la confiance à la Chambre des députés, le soutien que les communistes envisagent d’apporter à la coalition gouvernementale minoritaire négociée par le mouvement ANO et le parti social-démocrate ne sera pas gratuit. En début de semaine, le parti de Vojtěch Filip a ainsi fait savoir qu’il réclamait qu’un frein soit mis au développement des missions militaires tchèques à l’étranger.
Vojtěch Filip ne pouvait pas être beaucoup plus clair. La déclaration de programme négociée par le mouvement ANO d’Andrej Babiš et la social-démocratie de Jan Hamáček prévoit pourtant un renforcement de la présence tchèque en Afghanistan et en Irak. Or le parti communiste, hostile à l’OTAN, prône une réorientation de la politique étrangère tchèque en matière militaire, qui se fasse en accord avec l’ONU plutôt qu’avec l’organisation atlantiste. Il est ainsi également favorable à un retrait des Tchèques de la mission de surveillance de l’espace aérien des Etats baltes, qu’il perçoit comme une provocation à l’égard de la Russie.
D’abord surpris par la sortie des communistes, les futurs partenaires de coalition, après s’être consultés, estiment qu’une solution peut être trouvée pour satisfaire tout le monde. Actuel ministre de l’Environnement dans le gouvernement démissionnaire d’Andrej Babiš, Richard Brabec, vice-président du mouvement ANO, a développé :
« C’est du cas par cas, mission par mission. Parce que parfois il s’agit de la décision indépendante de la République tchèque elle-même, et d’autres fois, ce sont des engagements à long terme que nous voulons bien évidemment respecter. Je pense donc que tout cela a été exagéré. Je considère que nous n’avons pas là un désaccord si fondamental. »En d’autres termes, le mouvement ANO laisse la porte ouverte à des négociations avec le parti communiste qui porteront sur un certain nombre de missions dans lesquelles l’armée tchèque est engagée. Jeudi, une rencontre entre Andrej Babiš et Vojtěch Filip doit permettre d’arrondir les angles avant que les communistes ne se prononcent, au mois de juin, pour déterminer s’ils soutiennent ou non la nouvelle coalition gouvernementale.
Ils doivent en effet attendre la position des sociaux-démocrates, qui eux-mêmes sont invités à prendre une décision à partir de lundi prochain, à l’occasion d’un référendum organisé en interne sur l’accord avec le mouvement ANO. Les discussions battent leur plein cette semaine entre les membres du parti. Trois sections régionales et une majorité de sénateurs, tel Jiří Dienstbier, militent contre cette nouvelle collaboration avec le parti de M. Babiš. D’autres sociaux-démocrates sont encore dans l’incertitude, à l’image de Naděžda Křemečková, la présidente des sociaux-démocrates en Moravie du Sud :
« Nous n’avons pas toutes les informations à disposition. Nous avons là la proposition de déclaration de programme ainsi que l’accord sur la coopération gouvernementale. Néanmoins, personnellement, il me manque l’information sur les personnalités qui vont occuper les différents ministères. »Mardi, le mouvement ANO a refusé une nouvelle fois d’accéder à la requête du président de la social-démocratie Jan Hamáček, qui demandait la publication de la liste des noms des futurs ministres. Avec les exigences des communistes, les sociaux-démocrates s’inquiètent désormais de ne pas disposer avant le début de leur référendum du texte définitif de la déclaration de programme, dont le contenu pourrait visiblement encore évoluer. La route vers l’intronisation d’un nouveau gouvernement en République tchèque est décidément parsemée d’embûches.