Une Vénus antique découverte aux confins de la Bohême
Une petite statuette antique représentant Vénus, a été découverte lors de fouilles archéologiques menées près de la ville de Svitavy dans l’est de la Bohême. Cette trouvaille met en lumière notamment l’existence de ce que l’on appelle la « route de Trstěnice », un axe de communication important reliant la Bohême et la Moravie, et menant probablement vers l’Orient.
Les fouilles archéologiques sont là pour nous le rappeler, comme celles actuellement effectuées sur la « route de Trstěnice », une voie commerciale importante en pays tchèques dont les premières mentions remontent au Xe siècle, mais dont l’existence peut être plus ancienne. David Vích est un des archéologues travaillant sur le site de fouilles actuel, dans la commune de Křenov, près de Svitavy dans l’est de la Bohême. Il nous en dit plus sur cet axe de communication de la fin du haut Moyen Âge :
« Il s’agit d’une route historique qui partait de Prague, passait par Chrudim dans l’est de la Bohême, et qui continuait vers Olomouc en Moravie centrale. On sait, d’après des sources écrites, qu’il s’agissait d’une voie de communication à longue distance qui reliait l’est du territoire à l’ouest. Sur le site fortifié de Vraclav, dans la région, on a même retrouvé des objets venant de la Rus’ de Kiev. On connaît l’existence de cette route, mais depuis 150 ans, il y a eu de nombreux débats pour savoir par où elle passait vraiment jusqu’à ce qu’on se lance réellement dans des fouilles archéologiques sur le terrain. »
Un axe de communication central donc, dont certains pensent qu’il a pu mener jusqu’en Orient, reliant en tout cas l’ouest de l’Europe à l’est du continent. Sur cette route circulaient personnes et biens, comme par exemple, le sel, denrée ô combien précieuse au Moyen Âge notamment pour la conservation des aliments, mais aussi des fourrures, des esclaves et des produits de luxe.
Dans ce contexte, la découverte d’une petite statuette romaine en bronze, représentant la déesse Vénus, est un indice supplémentaire venant confirmer l’existence d’échanges significatifs entre différentes régions de l’Europe, depuis des temps reculés, même s’il est évidemment difficile de savoir à quel moment exact elle s’est retrouvée sur le territoire de l’actuelle République tchèque.
Si sa provenance lointaine en fait une trouvaille très marquante, en tout cas pour le grand public, David Vích rappelle que toute mise à jour d’un objet s’inscrit dans un contexte archéologique plus global :« Evidemment, cette statuette fait partie des découvertes les plus intéressantes. Mais je ne peux pas dire que c’est la découverte la plus importante. Toutes ces trouvailles ne font sens, pour nous, que dans leur ensemble. Grâce à elles et à ce que l’on sait sur différentes périodes, nous pouvons mieux comprendre le contexte de cet espace et ce qu’il s’y passait. Si nous n’avions découvert que cette statuette, cela ne nous apprendrait pas grand-chose. Nous avons réussi à dater cette statuette, grâce à un collègue spécialisé dans la période romaine. Il s’agit d’un objet datant de la fin du IIe, voire du début du IIIe siècle après Jésus-Christ. »
Haute de douze centimètres, la statuette n’a probablement pas été perdue sur la route dite de Trštenice, estiment les archéologues. Ceux-ci penchent plutôt pour une statuette servant d’offrande religieuse, en remerciement par exemple d’un voyage sans heurts. Si elle est parvenue sur ce territoire peu de temps après sa fabrication, cela indiquerait évidemment une existence de liens, commerciaux ou autres, remontant à bien plus longtemps que l’existence avérée de cet axe de circulation.A l’heure actuelle, l’équipe d’archéologues traite l’ensemble des découvertes réalisées dans cette localité aux sous-sols particulièrement riches, puisque près de 300 objets y ont été retrouvés. Quant à la petite Vénus en bronze, elle sera ensuite transférée dans les collections du Musée régional de Litomyšl, dans l’attente d’être un jour peut-être présentée dans le cadre d’une exposition sur cette région à la frontière entre la Bohême et la Moravie où, comme le souligne David Vích, les fouilles archéologiques connaissent un véritable boom.