Vingt ans après la grande crue de 1997, le souvenir ne s’efface pas en Moravie
Il y a vingt ans de cela, toute la partie est de la République tchèque, à savoir la Moravie et la Silésie, étaient ravagées par une des crues les plus importantes qui aient touché le pays au XXe siècle. Tout au long de cette semaine, les principaux médias tchèques font revivre le drame, jour après jour.
Depuis l’été 1997, presque tous les Tchèques connaissent Troubky, cette petite commune de 2 000 habitants située près de Přerov, en Moravie centrale, qui a été particulièrement touchée par la catastrophe. Inondé par la rivière Bečva, le village a fait état de neuf victimes et d’au moins 150 maisons ravagées. Vingt ans après la crue, Troubky ne s’est pas encore complètement remis du choc et les traces de la grande crue y sont toujours visibles. On écoute l’adjoint du maire du village, Martin Frgal :
« Dans le village, on trouve toujours des espaces vides à l’emplacement des 150 maisons détruites par l’inondation et des 200 autres maisons familiales qui ont dû être démolies par la suite. Lorsqu’il pleut intensément, les habitants observent avec inquiétude la rivière Bečva, ils ont toujours peur. Depuis vingt ans, nous avons réussi à mettre en place certains dispositifs qui pourraient nous protéger d’une crue de récurrence de vingt ou même cinquante ans. Mais nous n’avons pas réussi à négocier avec les propriétaires des terrains la construction de grandes barrières anti-inondation, hautes de 3,5 mètres, projet que nous aurions souhaité réaliser après la grande inondation. »A Otrokovice, à plusieurs dizaines de kilomètres au sud de Troubky, le souvenir de la crue de 1997 reste aussi vivace. Les habitantes de cette bourgade de 18 000 habitants racontent comment leur vie a changé après l’inondation :
« Moi-même, ainsi que tous les employés de l’usine Toma, nous nous sommes retrouvés au chômage. L’usine a été toute inondée et dévastée. J’ai dû accepter un autre travail, moins bien payé. »
« Nous avons tout perdu, tout a été endommagé : les meubles, le verre, le textile, les serviettes, le linge vraiment tout ce qu’on avait dans les placards. Rien ne nous est resté. En plus, la terre a été contaminée par les produits chimiques de l’usine Toma. Par conséquent, nous n’avons rien pu cultiver dans nos jardins pendant trois ou quatre ans. »
Après la crue de 1997, d’autres inondations encore ont frappé la République tchèque, notamment celle d’août 2002 qui a ravagé presque toute la Bohême, y compris la capitale tchèque, ou encore celle de juin 2013. Vulnérable aux inondations, la République tchèque est également confrontée, ces trois dernières années, à la sécheresse, deux phénomènes inquiétants qui sont inséparables, selon les experts en climatologie.