Slavia – Anderlecht : « Catastrophique, c’est le mot »

Slavia Prague - Anderlecht, Michael Ngadeu, photo: ČTK

L’attente de ses nombreux et formidables supporters était grande, mais elle a été déçue. Et c’est un euphémisme que de le dire. Corrigé par Anderlecht (0-3) dans son stade d’Eden, jeudi soir, en match aller des barrages, le Slavia Prague ne participera très probablement pas à la phase de groupes de la Ligue Europa cette saison. Il faudra en effet désormais un miracle lors du retour à Bruxelles la semaine prochaine, pour que le club tchèque, absent sur la scène européenne depuis une défaite à Lille un soir de décembre 2009, se qualifie. Au terme de cette première confrontation cauchemardesque pour les Rouges et Blancs, et malgré une côte fracturée, Michael Ngadeu est venu s’exprimer au micro de Radio Prague. Et le joueur camerounais du Slavia, paradoxalement plutôt convaincant dans son nouveau rôle de milieu défensif, ne s’est pas défilé.

Slavia Prague - Anderlecht,  Michael Ngadeu,  photo: ČTK
Michael, comment expliquez-vous cette deuxième mi-temps qu’on ne peut qualifier autrement que de catastrophique ?

« Oui, je crois que c’est le bon mot. Cela a été catastrophique. On s’est un peu relâchés après avoir encaissé le premier but (Idrissa Sylla, 49e minute). On a alors voulu ouvrir le jeu, mais on leur a laissé des espaces et Anderlecht en a profité. Nous avons payé cash nos erreurs. Je ne sais pas comment expliquer ça autrement. »

La première demi-heure du match a été très prudente des deux côtés. Le Slavia a d’abord eu beaucoup de mal dans le jeu vers l’avant, puis le dernier quart d’heure de la première mi-temps a été plus positif avec quelques occasions à votre crédit. A ce moment-là du match, vous êtes-vous dit que cette équipe d’Anderlecht, qui n’était pas non plus spécialement formidable, était prenable ?

« Oui, mais avant même le match, on s’était dit qu’ils étaient prenables… Si nous en sommes arrivés à ce stade de la compétition (après avoir passé les 2e et 3e tours préliminaires, ndlr), c’est que nous l’avons mérité. Je pense que c’était du 50-50 pour les deux équipes. Mais Anderlecht a été plus concret que nous ce soir. Les occasions que nous avons eues en première mi-temps, nous ne les avons pas concrétisées, au contraire d’eux en deuxième mi-temps. Le pire scénario s’est produit, et le résultat est ce qu’il est. »

Slavia Prague - Anderlecht,  Lukasz Teodorczyk,  photo: ČTK
Cela s’est plutôt bien passé pour vous tant que le score a été de 0-0, mais le premier but encaissé et le second pratiquement dans la foulée (Lukasz Teodorczyk, 61e) vous ont mis un gros coup au moral, et on n’a jamais eu le sentiment que le Slavia savait comment s’y prendre pour essayer de recoller au score…

« C’est la coupe d’Europe : quand vous encaissez un but à domicile, vous devez prendre des risques et vous découvrir. Mais Anderlecht est resté bien en place. Ils ont bien bouché les espaces, au contraire de nous… Mais ce n’est pas encore fini. Il y aura un match retour, et même si Anderlecht dispose d’une très large avance, on peut encore espérer faire un bon résultat chez eux. »

Slavia Prague - Anderlecht,  photo: ČT
Ce soir, vous avez été une des rares satisfactions au Slavia. Le public vous a applaudi à plusieurs reprises, alors que vous avez évolué dans une position de milieu défensif qui n’est pas forcément la vôtre, puisque vous êtes un défenseur central de formation. Ce rôle dans l’entrejeu vous convient-il ?

« Ce n’est pas la première fois que je suis titularisé à ce poste. La seule différence avec la défense centrale est qu’il faut courir plus. Mais pour le reste, en tant que milieu défensif, le jeu se passe aussi devant moi et je dois boucher les espaces. Ce soir, ça m’a effectivement plutôt souri. Mais comme j’ai déjà évolué dans ce rôle il y a quelques années de cela, il fallait simplement que je retrouve quelques repères. »

Comment se passe votre adaptation dans votre club et à Prague ?

« J’avoue que la langue est très difficile, mais j’ai mon frère et ami Simon Désiré (Deli, le défenseur ivoirien du Slavia, ndlr) qui est là pour m’aider. Avec lui, c’est beaucoup plus facile. Il m’a pris par la main et m’a appris beaucoup de choses. Sinon, ça va, ce n’est pas trop compliqué. Quand on a vécu au Cameroun, on peut vivre n’emporte où… »

Slavia Prague - Anderlecht,  photo: ČTK
Le début de saison du Slavia n’a pas été idéal en championnat avec deux matchs nuls en deux matchs contre des équipes supposées à votre portée, et alors que tout le monde s’attend à vous voir jouer le haut du tableau…

« Les débuts de saison sont toujours compliqués, du moins partout où je suis passé. Mais je me dis que c’est peut-être dû à l’accumulation des matchs. La préparation a été très longue pour nous en raison des tours préliminaires en Ligue Europa. Comme on joue tous les trois jours, il faut faire tourner l’effectif, mais je suis sûr que nous allons bientôt nous reprendre. »

Un mot sur votre public qui ne vous a jamais lâchés ce soir, même à 0-3. Quand vous allez remercier le kop et cette tribune pleine jusqu’à la fin du match, que ressentez-vous ?

Slavia Prague - Anderlecht,  photo: ČT
« On marche vers eux la tête baissée… Ils nous ont supportés jusqu’au bout, et c’est la première fois que je vois ça de ma carrière. Nous avons un public magnifique et c’est pourquoi nous sommes d’autant plus désolés de ce qui s’est passé ce soir. Mais encore une fois, il y a un match retour et nous ferons tout pour leur faire plaisir. Il faut qu’ils restent derrière nous. La coupe d’Europe, ce n’est pas facile. Les choses ne se passent pas toujours comme on le souhaite. Je remercie nos supporters de tout cœur et je leur promets qu’ils ne seront pas déçus en fin de saison. »