« Au travail à vélo » : une compétition d’un mois pour sensibiliser le public à l’usage quotidien du vélo

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Plus que quelques jours, soit jusqu’au 8 mai, pour s’inscrire à la compétition Do práce na kole (Au travail à vélo), un événement organisé par l’association Auto*Mat pour inciter les citadins à se rendre sur leur lieu de travail sur la Petite reine tout au long du mois de mai. Dans une ville comme Prague, vallonnée, pavée, saturée de voitures et quadrillée de tramways, sortir son vélo est parfois une gageure. Pourtant, de plus en plus de Pragois s’y mettent, et les projets tels que celui-ci permettent de montrer que c’est possible. Pour parler de cette compétition nationale, Radio Prague a invité Damien Linhart, un jeune Français récemment installé dans la capitale tchèque et qui collabore à Do práce na kole.

Damien Linhart, bonjour. Radio Prague vous accueille aujourd’hui dans le cadre du projet Do práce na kole, en français Au travail à vélo. Il s’agit d’un projet lancé par l’association Auto*Mat qui fait la promotion des transports alternatifs, c’est-à-dire pas la voiture, mais surtout les deux roues à la force des jambes, dans les villes. Auto*Mat organise tout au long de l’année divers événements pour promouvoir le vélo à Prague, mais aussi dans d’autres villes, comme de grandes balades à vélo à travers la ville… Un des évènements dont vous vous occupez c’est Do práce na kole. En quoi consiste cette compétition dite « amicale » ?

« C’est une compétition amicale en effet. C’est sur l’ensemble du mois de mai et les inscriptions sont closes à partir du 30 avril. L’objectif est par équipe de 2 à 5 de se rendre au travail à vélo, sachant que cette année, la compétition a été ouverte aussi à ceux qui marchent, à ceux qui viennent en trottinette, en skate, à roller, à tous les modes de déplacement dits ‘actifs’. »

Donc pas de discrimination, ce n’est pas que le vélo…

Do práce na kole,  photo: Iva Pohanková / Auto*Mat
« Ce n’est pas que le vélo, et il est possible de faire une partie de son trajet en train ou en transports en commun. Sinon, pourquoi des équipes ? Parce que ça permet de s’encourager pour tenir tout au long du mois de mai, y compris les jours de pluie ou les jours où on a moins envie d’y aller à vélo. Le principe d’être une équipe est qu’on est plus fort à plusieurs ! L’objectif est donc de venir au travail à vélo pendant tout le mois de mai. »

Concrètement, comment fait-on pour y participer ?

« On s’inscrit en ligne sur le site dopracenakole.cz. Chaque jour, on inscrit la distance qu’on a parcourue, si on est venu à vélo etc. »

Compétition, cela veut dire concours. Comment ça se passe ? Il y a un palmarès à la fin ?

« Il y a plusieurs catégories. Il y a la régularité, pour ceux qui viennent au travail à vélo le plus souvent. Il y a la distance pour ceux qui font la plus grande distance cumulée à vélo sur le mois de mai. Il y a également la compétition dite des mesures cyclables, soit toutes les meilleures propositions pour améliorer infrastructures piétonnes ou cyclables de la ville. Et il y a aussi la catégorie dite de créativité pour ceux que le vélo rendrait créatifs à partir de photos, d’images, de poèmes, de textes, de blogs. Enfin, il y a la catégorie des cyclo-employeurs qui permet à toutes les entreprises qui emploient des personnes de concourir afin d’être élu le cyclo-employeur de l’année, soit l’entreprise qui apporterait les meilleures conditions pour venir au travail à vélo. »

Do práce na kole,  photo: Filip Novotný / Auto*Mat
Quel est l’objectif de fond ? C’est le résultat d’une observation où les gens restent réticents à prendre leur vélo pour faire leurs déplacements ? Pour motiver les employeurs à offrir des infrastructures adéquates à leurs employés cyclistes ?

« Effectivement, un des premiers enjeux, c’est la sensibilisation. On voit que Prague n’est pas la première ville du vélo en Europe. Donc, il y a ce travail à faire. Il faut montrer aussi que c’est possible de venir au travail tous les jours à vélo. C’est une façon d’inciter les gens à travers une compétition amicale, pleine de surprises et de cadeaux. »

J’imagine que vous-même êtes cycliste : comment trouvez-vous Prague entre ses pavés, ses collines, la circulation ?

« C’est vrai que ce n’est pas facile du tout. Après, chaque cycliste est différent et chacun y trouve ce qu’il lui plaît. Moi, j’aime bien que ce soit un peu un jeu, une aventure… »

Do práce na kole,  photo: Filip Novotný / Auto*Mat
Auto*Mat existe depuis 2003, donc depuis pas mal d’années. Est-ce que vous savez quelle a été l’évolution des infrastructures cyclables depuis sa création ?

« Je ne suis pas à Prague depuis très longtemps, mais ça s’améliore très nettement notamment en matière d’itinéraires et surtout dans les relations avec les institutions publiques qui sont, en matière de politique cyclable, des acteurs incontournables. Une bonne relation avec la mairie et les institutions est très importante. Le travail d’Auto*Mat va dans ce sens. »

Et quid des conducteurs de voiture ? C’est la guerre ?

« On va dire que ça fait partie des objectifs de la sensibilisation… »

D’accord, on va rester sur cette phrase alors… Est-ce que vous savez combien de kilomètres de pistes cyclables se trouvent à Prague ?

Do práce na kole,  photo: Filip Novotný / Auto*Mat
« Je ne sais pas. Après, il faut distinguer la piste qui est vraiment en site isolé, donc entièrement coupée du reste de la circulation automobile. Il y a ensuite les bandes sur la voirie. Et enfin, des itinéraires cyclables, conseillés aux cyclistes mais sans rien du tout. Cela fait quand même trois niveaux très différents de qualité d’infrastructures cyclables. Les trois existent à Prague comme partout dans le monde. Mais la qualité de service n’est pas la même. »

Le projet Do práce na kole, c’est à Prague, mais aussi dans toute la République tchèque…

« Oui, c’est dans tout le pays, dans 25 villes. L’an dernier, il y avait 7 000 participants. Cette année, c’est la sixième édition. »

7 000 participants l’an dernier. Est-ce que vous en attendez plus cette année ?

« On attend toujours un peu plus, mais on verra. Le verdict, ce sera à la fin du mois. »

Est-ce que des projets tels que le Vélib’ à Paris sont en cours à Prague ? Après tout, Paris n’était pas particulièrement réputé pour être très accueillant pour les cyclistes, mais le Vélib’ s’est imposé et fait désormais partie du paysage…

Do práce na kole,  photo: Filip Novotný / Auto*Mat
« Tout-à-fait. Il y a en effet des projets en cours. En effet, Paris n’était pas du tout réputé cyclable il y a quelques années, mais l’est devenu. Donc pourquoi ce ne serait pas possible à Prague ? »

Bonne réponse ! Y a-t-il des villes exemplaires en Europe dans leur intégration du vélo dans l’espace urbain ?

« Copenhague est souvent cité comme une référence en la matière. Mais de manière générale, beaucoup de villes allemandes et du nord de l’Europe sont en pointe en matière de cyclisme. »

www.dopracenakole.cz