Tchèques et étrangers invités à parler ensemble

Photo: Centre pour l’intégration des étrangers

Après la récente publication de la troisième édition d’un guide destiné aux migrants pour qu’ils se sentent chez eux à Prague, le centre pour l’intégration des étrangers (CIC) récidive avec une campagne visant à encourager les Tchèques à communiquer avec les étrangers qui apprennent leur langue. Cette campagne, intitulée « Tchèques et étrangers - parlons ensemble ! » et construite autour de trois clips vidéo, veut contribuer à changer les comportements parfois inappropriés des nationaux vis-à-vis des étrangers désireux d’apprendre et de parler le tchèque.

Photo: Centre pour l’intégration des étrangers
S’inscrivant dans le cadre du projet « Un pays commun - avec les étrangers comme avec les nôtres », en partie financé sur des fonds européens, l’opération entend tout simplement rappeler que les étrangers doivent être considérés comme des partenaires de communication. Aussi, ceux qui se lancent dans l’apprentissage du tchèque, cette langue slave occidentale forte de ses sept cas de déclinaisons, doivent être encouragés et leurs efforts salués. Ce n’est malheureusement pas toujours le cas ainsi que le souligne le directeur du Centre pour l’intégration des étrangers Vladislav Günter :

« Chaque étranger, en fonction de son origine, fait face à des difficultés ou à des situations sensiblement différentes. Toutefois, les Tchèques ne sont généralement pas encore habitués à ce que quelqu’un tente de communiquer avec eux dans un tchèque pas vraiment standard. Souvent, nous ne réalisons pas que les gens viennent de différentes cultures et ont des présupposés linguistiques différents qui vont évidemment influencer la qualité de leur tchèque. Malheureusement, les Tchèques réagissent parfois en ne voulant pas comprendre ou en essayant de trouver une solution qui n’est pas toujours adéquate. »

Ainsi que l’illustre un des spots de sensibilisation, la solution mise en œuvre par certains Tchèques dans cette inconfortable situation est souvent d’avoir recours à une autre langue et pas n’importe laquelle puisqu’il s’agit essentiellement de la nouvelle lingua franca, notamment dans le domaine des affaires et du tourisme, l’anglais. Pour un résultat malheureux selon Vladislav Günter :

Vladislav Günter,  photo: ČT24
« C’est très pénible pour les gens qui apprennent le tchèque. Cela peut être très démotivant quand ils se rendent compte qu’il est plus simple pour les Tchèques de parler l’anglais, quand bien même ils ne maîtrisent cette langue que partiellement, mais que cela leur parait être une méthode plus rapide. Evidemment, cela ne contribue pas à renforcer votre motivation à continuer l’apprentissage du tchèque. »

Un autre travers, identifié par le Centre pour l’intégration des étrangers et illustré dans une vidéo, est la tendance à hausser la voix face à un interlocuteur à l’accent exotique en pensant que cela facilitera sa compréhension. Selon Vladislav Günter, l’effet est pourtant tout à fait inverse.

Mais ces comportements malhabiles face aux courageux apprenants tchécophiles ne seraient malheureusement pas les seuls torts à mettre à l’actif des Tchèques, en tout cas selon les concepteurs de la campagne. Ainsi le troisième clip dénonce la tendance à tutoyer les étrangers lors de certaines interactions, et en particulier les gérants et vendeurs d’épicerie, souvent d’origine vietnamienne. Ce manque de respect, qui peut sembler anodin, trahit l’inégale bonne volonté qu’un national peut mettre à communiquer avec un étranger. Vladislav Günter :

Photo: Centre pour l’intégration des étrangers
« Je pense que nous avons des stéréotypes construits en nous. Par exemple, il est probable que nous nous comportions d’une certaine façon vis-à-vis d’un ouvrier ukrainien ou d’un vendeur vietnamien et quelque peu différemment face à un homme d’affaires ou tout simplement devant quelqu’un qui semble venir de l’ouest. Cela a certainement une influence. »

Parallèlement, le Centre pour l’intégration des étrangers édite également un petit manuel de conseils, disponible sur Internet, pour faciliter l’intercompréhension entre les Tchèques et les étrangers apprenant le tchèque. Les nationaux sont encouragés à utiliser des mots simples et concrets et à ne pas construire des phrases par trop tarabiscotées. Le petit guide rappelle qu’articuler ne nécessite pas de hausser la voix et qu’il est toujours possible d’utiliser l’écrit et les gestes pour se faire comprendre.