Le Marché aux choux de Brno révèle ses secrets millénaires
Alors qu’il est promis à une proche reconstruction, le Marché aux choux, place emblématique de la ville morave de Brno, fait actuellement l’objet de fouilles archéologiques. Des travaux fructueux puisque les archéologues en charge du chantier, en plus de différents reliquats du Moyen-Âge, ont mis au jour un squelette datant de l’âge du bronze.
« Quand tout sera fini, cela sera beau ici… En tout cas, nous l’espérons. La surface de la place va changer. Il y aura plus d’arbres, de bancs, d’éléments aquatiques et d’espace pour les vélos. Le visage de la place du marché devrait elle-aussi subir un changement. »
Et avant que le chantier proprement dit ne débute, la loi prévoit une phase d’archéologie préventive qui doit livrer les secrets que cache le sous-sol de cette place vieille de plus de sept siècles. Employée au service historique du Musée de la ville de Brno, Dana Olivová revient sur cette longue histoire :
« Cette place, le Marché aux choux, s’appelait à l’origine la Place haute. Cela signifie qu’il devait à l’époque y avoir une autre place à Brno qui était la Place basse et qui correspond aujourd’hui à la place de la Liberté. La Place haute n’était au début pas mentionnée en tant que telle dans les écrits et ce jusqu’en 1293, quand ce territoire a été divisé entre les paroisses de Saint Jakub et de Saint Petr. »Avant le XIIIe siècle, une taverne trônait à l’emplacement de la place qui, en plus de ses fonctions de marché, servira également plus tard à rendre la justice. Les fouilles témoignent de ce passé judiciaire puisqu’un ancien pilori a été mis en évidence. Les archéologues ont aussi fait main basse sur des fragments de céramique ou sur différentes monnaies en usage au Moyen-Âge et une cave datant du XIVe siècle a été dégagée. Des découvertes qui ravissent l’archéologue Antonín Zůbek, lequel chaperonne les recherches :
« Nous savions que les fouilles archéologiques au Marché aux choux seraient riches. Même s’il est reste marqué par l’activité de nombreux anciens travaux d’ingénieurs et par différents niveaux de construction, le terrain archéologique est relativement bien conservé. Mais nous avons été surpris par l’état de certains monuments et nous ne nous attendions pas à mettre la main sur certains objets que nous avons pu trouver. »Ainsi, l’archéologue ne s’attendait sans doute pas à tomber nez-à-nez avec le squelette d’un être humain qui aurait connu la vie il y a environ 4000 ans, à l’âge du bronze. Du squelette originel, il ne reste que la jambe gauche, le bassin et le fémur droit. Notre ancêtre, dont les causes du décès sont pour l’heure inconnues, a pourtant des choses à nous dire. Antonín Zůbek :
« Ce squelette est celui d’un individu qui n’a pas atteint l’âge adulte. Des analyses anthropologiques en laboratoire doivent nous permettre de préciser son âge mais il s’agit sans doute d’un enfant. Le puits dans lequel nous l’avons trouvé était à l’origine utilisé pour entreposer du grain. Il ne semble donc pas que ce squelette soit la preuve d’un rite funéraire car les sépultures de cette époque ont un aspect différent. »Une curiosité qui pourrait s’expliquer, selon Antonín Zůbek, par le fait que l’individu vivait à la marge de la communauté humaine qui occupait la région ou qu’il lui était tout simplement étranger. Les archéologues ont pour l’instant prospecté la moitié de la surface d’un chantier qui devrait être achevé à l’automne prochain.