Publicité : la nudité peut-elle tout vendre ?
Ces mercredi et jeudi se déroule à Prague la conférence Forum Média qui depuis quatorze ans réunit des spécialistes de la publicité, des médias et du marketing afin de débattre des nouvelles tendances dans ces secteurs. Une centaine d’invités discutent des stratégies autant du marketing politique que du marketing de la beauté. Parmi les tables rondes proposées, on trouve le sexisme dans la publicité et cet intitulé provocateur : « La nudité peut-elle tout vendre ? » Au micro de Radio Prague, la sociolinguiste Jana Valdrová et l’organisatrice de ce débat Dita Jahodová, membre de l’association Otevřená společnost (« La société ouverte »).
« Notre association Otevřená společnost mène un projet à long terme sur la publicité sexiste. Ce projet vise à sensibiliser les personnes impliquées dans la création de la publicité et invite à s’interroger sur les possibilités de son autorégulation. La table ronde au Forum Media est une excellente occasion de soulever le sujet avec des gens de ce secteur, car y sont présents des clients aussi bien que des créateurs. »
Le recours au sexisme dans une publicité peut révéler un manque de créativité. A cette vision adhère la sociolinguiste Jana Valdrová de l’Université de la Bohême du Sud :
« Dans ma présentation au Forum media je souhaite montrer que la thématique liée au sexe peut avoir sa place dans la publicité sans pour autant être sexiste. Malheureusement, la plupart des publicités chez nous, qui mettent en scène la sexualité, entrent dans la seconde catégorie et peut être qualifiée de sexiste. »Jana Valdrová est sociolinguiste et conçoit la langue comme une construction sociale. Selon elle, le langage utilisé dans la publicité non seulement reflète les discriminations au sein de la société mais structure également le vocabulaire des gens. Mais la publicité, ce n’est pas uniquement de l’écrit, c’est avant tout du visuel. Jana Valdrová :
« Quand nous voyons des femmes nues dans la publicité, les gens s’y habituent y compris les enfants. Ainsi ils y deviennent moins sensibles et les créateurs de publicité réagissent à cela en érotisant encore plus les images. »
Ce soir, Jana Valdrová promet une présentation basée sur un support visuel riche en présentant non seulement des exemples de publicités sexistes, mais aussi des façons dont la publicité peut rester sexy sans être du mouvais goût. Pour ceux qui ne pourraient s’y rendre, une collection de publicités sexistes en République tchèque est disponible sur le site du projet Sexistické prasátečko (« Le petit cochon sexiste ») (http://zenskaprava.cz/sexisticke-prasatecko/2013/), projet qui décerne annuellement un anti-prix de la publicité sexiste.