Le mur John Lennon de Prague : symbole de paix et de liberté
Tout touriste qui se respecte ne peut manquer le quartier de Malá Strana à Prague. Là, juste en face de l’ambassade de France se trouve un mur qui clôt le jardin appartenant à l’Ordre de Malte. Ce mur est assez particulier, car il porte le nom du célèbre musicien et compositeur britannique John Lennon. Et pour cause : son histoire est liée à cette grande figure des Beatles, une histoire dont témoignent tous les dessins, inscriptions et graffitis qui le recouvrent. Leur signification est dévoilée par František Šimůnek, guide de l’agence Avant-garde Prague.
Après le 8 décembre 1980, jour de son assassinat, apparaît un premier dessin sur ce mur. Un dessin réalisé en l’honneur de Lennon, comme nous l’explique František Šimůnek.
« Voici la petite fontaine, sur laquelle aujourd’hui ne figure plus rien, c’est blanc, mais la fontaine a la forme du visage de John Lennon, avec sa chevelure. A l’époque quelqu’un avait dessiné son portrait symbolique. Ce mur est devenu un lieu de culte. Quand il y a des troubles politiques quelque part, les gens déposent souvent des bougies, ici comme partout ailleurs dans le monde. » Ce mur est donc devenu en seulement quelques jours le support sur lequel des étudiants de Prague ont commencé à exprimer leur volonté de paix, leur révolte contre la guerre et la dictature… Il devient un lieu de protestation jusqu’à la chute du mur de Berlin en 1989. D’une vingtaine de mètres de long, le mur John Lennon est devenu un symbole de paix et de liberté pour beaucoup de gens. Evidemment ces inscriptions ne pouvaient qu’irriter le pouvoir communiste, qui faisait effacer toutes les inscriptions dissidentes, ou carrément, faisait repeindre toute la surface du mur. Ni la musique, ni les chansons de John Lennon n’étaient les bienvenues dans ce pays dirigé par le communiste Gustáv Husák. František Šimůnek :« Au début c’était un mur ordinaire, le mur du jardin des Chevaliers de l’Ordre de Malte. Lorsque j’étais enfant, jusqu’aux années 1980, ce mur n’avait pas le sens politique. Mais pour les communistes tout représentait un danger politique, même John Lennon. Ce n’était pas forcément interdit, mais c’était mal vu. Sous le régime communiste, naturellement les graffitis n’étaient pas aussi agressifs, c’était seulement des expressions écrites en plus petit. »Mais les manœuvres du pouvoir n’empêchent pas les gens d’écrire encore et encore, et le mur a gardé tout son sens. Ce mur représente donc bien plus que la mémoire à John Lennon, il incarne aussi la liberté d’expression, l’espoir et les rêves. Si auparavant, le mur était rempli de graffitis contre le pouvoir communiste, aujourd’hui les mots d’amour et de paix sont venus les remplacer :
« Au début il y avait des inscription poétiques, puis politiques, maintenant c’est plus tôt une curiosité pour les touristes. »Finalement, on peut se demander si cette tradition perdurera à l’avenir… En tout cas, si la mémoire de John Lennon venait à s’effacer dans cinquante ou soixante ans, gageons que son message, lui, restera tout aussi vivant.