Quel avenir urbanistique pour la place Venceslas ?

La place Venceslas

Les Pragois l’appellent communément « Václavák ». Václavské náměstí, ou place Venceslas en français, est un peu à Prague ce que sont les Champs Elysées à Paris. Une artère centrale bouillonnante. Depuis le 2 avril, sa partie basse est interdite aux véhicules. Les prémices d’une transformation à long terme ?

Photo: CTK
C’est l’empereur Charles IV qui, lorsqu’il crée la Nouvelle Ville de Prague, prévoit dans ses plans de grandes places, dont la future place Venceslas alors réservée au marché aux chevaux. Le tournant du XIXe-XXe siècle la transforme totalement, en faisant une artère digne des boulevards imposants des grandes capitales européennes, entourée de majestueux bâtiments et clignotante d’enseignes lumineuses. Haut lieu de tous les grands événements historiques de l’histoire tchèque, lieu de rassemblent politique ou privé, la place Venceslas souffre aujourd’hui de nombreux maux qui diminuent et dégradent son aspect.

Un grand projet de revitalisation, pour l’heure en sourdine, est toutefois prévu pour ce centre commercial et culturel. Première étape : depuis le 2 avril, le bas de la place est interdit aux véhicules, sauf exceptions. Radomíra Sedláčková, du département d’architecture de la Faculté de Technique et d’Ingénierie de Prague, a pour l’heure un jugement réservé sur cette interdiction :

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« A l’heure actuelle la place se présente ainsi : deux voies de circulation et au milieu une bande verte. Ils ne feront pas de cette zone une voie piétonne juste en y interdisant les voitures. La place doit être réaménagée. A partir du moment où vous avez une différence entre le trottoir et la voie pour les véhicules, en terme de hauteur ou de pavement, ce n’est plus qu’un lieu de circulation interdit à la circulation ! Ce n’est pas l’objectif. Pour fonctionner en tant que zone piétonne, la place doit clairement montrer que la voiture n’y est pas la bienvenue. Et non pas comme là, où l’on se dit : ‘aujourd’hui, il me laisse exceptionnellement y marcher librement. »

Seules exceptions à cette interdiction de véhicules, les taxis, les bus ou encore les véhicules de livraison qui, munis d’une autorisation de la mairie d’arrondissement, pourront s’y rendre. Pour Jarmila Johnová, de l’association « Les mères de Prague », cette limitation sinon interdiction des véhicules, est une bonne nouvelle :

« En ce qui concerne la partie basse de la place, je pense que ça va contribuer à rendre le lieux plus vivant, grâce aux piétons qui pourront circuler librement de part et d’autres. Je pense que ce type de mesure est possible lorsque la circulation y est possible en transports en commun, et c’est le cas ici. »

A contrario, pour le directeur du département des transports de la Mairie de Prague, Jan Heroudek, cette nouvelle mesure est négligeable du point de vue du système général de circulation dans la capitale tchèque.

La place Venceslas,  photo: Štěpánka Budková
« C’est une décision de la mairie du premier arrondissement. Il faut se rendre compte que le vrai problème, ce n’est pas forcément la circulation en tant que telle, mais le manque cruel de place de parking. Si les voitures prennent la moitié de l’espace public, la zone, comme c’était le cas auparavant, donne une impression lamentable. »

Une chose est sûre, c’est l’ensemble de l’espace urbain de la place Venceslas qui doit être repensé de fond en comble. Il y a quelques années, la ville de Prague a lancé un appel à projet de revitalisation de la célèbre place. Si un projet a été retenu, prévoyant, plus de zones piétonnes, plus de verdure, et le retour des tramways, six ans après sa mise en œuvre se fait toujours attendre.