Anatomia Metamorphosis : l’art brut et ses formes organiques
Anatomia Metamorphosis, c’est le nom d’une exposition consacrée à l’art brut, ouverte au public jusqu’au 30 septembre, au Musée Montanelli à Prague. L’art brut rappelons-le, c’est un terme qui vient de Jean Dubuffet pour désigner les créateurs à la marge, hors normes, souvent sans formation académique. Une des principales propagatrices de l’art brut en République tchèque Terezie Zemánková, évoque le travail des trois artistes exposés au Musée Montanelli :
C’est une jungle de formes, de figures, de visages, de parties du corps. C’est presque oriental, on dirait parfois des tapisseries…
« Oui, on peut y trouver une sorte de masque oriental, ou de dieu aztèque. Mais tout cela lui était sans doute inconnu. Ce ne sont pas des références volontaires, c’est son imagination qui nous rappelle maintenant les formes d’une culture qu’on connaît. Vous avez mentionnez les parties du corps, c’est exactement ce qui relie le travail de František Dymáček à Luboš Plný. »Luboš Plný est le deuxième auteur que vous exposez ici…« Et d’une certaine façon, ça le lie aussi à Anna Zemánková. Luboš Plný est un artiste contemporain d’une cinquantaine d’années. Ce qui est caractéristique pour Luboš Plný, c’est qu’il fait des espèces de coupes du corps humain. »
D’une certaine façon, par ses dessins, il découpe le corps humain en rondelles…« C’est cela : il dessine chaque couche du corps, la peau, les muscles, les os, le système vasculaire. Mais tout cela n’est jamais simplement décoratif, il y a toujours un système plus important dans son œuvre. »
Quel est le lien qui relie les œuvres de František Dymáček, Luboš Plný et votre grand-mère Anna Zemánková ?
« L’idée de cette exposition, c’était de montrer le sens caché de l’œuvre d’Anna Zemánková qui d’une certaine façon s’éveille au contact de l’œuvre de František Dymáček et Luboš Plný. La plupart des gens voient les œuvres d’Anna Zemánková comme des fleurs surnaturelles. Mais si on les regarde en parallèle des œuvres de Luboš Plný, on se rend compte que ces fleurs représentent aussi des formes de corps humain, comme un utérus, un vagin qui donne naissance. Ce n’est qu’une façon de regarder son œuvre, mais bien sûr, ce n’est pas la seule. C’est vrai qu’Anna Zemánková était très obsédée par ses différentes maternités et ses manifestations physiologiques. Elle parlait beaucoup de ses accouchements, de l’enfance de ses enfants. Au moment de sa ménopause, soit quand elle a commencé à dessiner, la création a en quelque sorte remplacé sa maternité physiologique. Je crois qu’en confrontation l’œuvre de František Dymáček et Luboš Plný, cet aspect physiologique de l’œuvre d’Anna Zemánková se réveille, se révèle. »