Antonín Dvořák, l’homme derrière le compositeur de génie

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Le Musée de la musique présente jusqu’au 29 février 2012 une exposition à l’occasion du 170e anniversaire de la naissance d’Antonín Dvořák, le plus célèbre des compositeurs tchèques. Visite cette exposition qui se veut plus moderne et interactive et rencontre avec une de ses commissaires, Eva Velická :

Eva Velická
« Nous présentons évidemment Dvořák comme le compositeur de génie qu’il était, mais ce n’est pas la peine de le répéter, tout le monde le sait. Nous avons surtout essayé de le présenter en tant qu’homme, en tant que personne. Nous présentons donc différentes petites histoires de sa vie, ses lettres, autant de choses qui montrent son caractère. Tout cela nous le rend plus proche encore qu’à travers sa musique. »

Rien a priori ne prédestinait Antonín Dvořák, fils de boucher né en 1841 dans un village non loin de Prague, à la carrière exceptionnelle qui en fit le compositeur tchèque le plus connu au monde. Lui qui aimait plus que tout son pays natal, ses paysages et sa nature, passa quelques années de l’autre côté de l’Atlantique, d’où il tira son œuvre la plus connue, la Symphonie du Nouveau Monde. La partition d’origine du plus grand « tube » de Dvořák est d’ailleurs exceptionnellement présentée au Musée, qui s’est attaché à retracer le destin digne d’un film hollywoodien de Dvořák.

Amoureux de la nature, Antonín Dvořák passait des heures à se balader en Bohême et puisait son inspiration dans le monde qui l’entourait. Eva Velická :

« Le thème de la nature est présent à plusieurs reprises dans notre exposition. Dans la première partie, nous traitons notamment du thème ‘Dvořák, le promeneur’. Nous y évoquons son amour des balades, dans la nature ou à Prague. On sait qu’il aimait le calme, le chant des oiseaux. Sur le continent américain, il admirait les chutes du Niagara. Il appréciait certains lieux totalement différents de ce qu’il connaissait chez lui. Il est difficile de dire précisément dans quelle mesure tout cela se retrouve dans ses compositions, mais son amour de la nature est en tout cas bien présenté dans l’exposition. »

Et s’il appréciait avant tout la douceur et le calme d’un foyer, Antonín Dvořák n’en était pas moins un homme de son temps. On peut ainsi se demander si sa fascination pour les trains s’est exprimée dans sa musique. Eva Velická :

« Dvořák avait en effet une passion pour les trains et, de manière générale, pour les nouvelles technologies de l’époque. En Amérique, s’il n’avait pas l’occasion d’observer les trains, il allait observer les bateaux. Dans notre exposition, nous reproduisons une partie d’un wagon. Nous avons cherché en effet à savoir s’il existait un document prouvant clairement qu’une des ses compositions a été inspirée par ce monde technologique. On entend parfois parler de son Humoresque. Mais nous n’avons aucune preuve. Il y a certes une petite note sur la partition de la Septième Symphonie. Mais sinon, on peut essayer d’imaginer çà et là où le rythme du train a pu l’inspirer. On fait écouter aux visiteurs son Humoresque, à eux de juger, mais il est difficile d’établir un lien clair. »

Design qui se veut résolument moderne, objets d’expositions manipulables, coin pour enfants, partitions musicales, ou encore toge de Cambridge à essayer soi-même : les commissaires de l’exposition ont visiblement tenté de rapprocher le public profane du monde de la musique classique et de l’un de ses grands représentants qui peut parfois paraître éloigné, voire intimidant. D’ailleurs, des concerts suivis d’explications de musicologues sont prévus tout au long de cette saison Dvořák au Musée. On regrettera cependant que tant de bonne volonté manifeste achoppe comme souvent à un manque de moyens supplémentaires, tant Antonín Dvořák et sa personnalité manifestement riche et multiple mériteraient une exposition encore plus développée.