Editer et traduire les sciences humaines et sociales aujourd’hui

Photo: Anne-Claire Veluire

Un jour avant l’ouverture du salon du livre, l’Institut français de Prague a organisé une journée d’études sur le thème « Editer et traduire les sciences humaines et sociales aujourd’hui ». Objectif de la manifestation : se faire rencontrer les professionnels tchèques et français spécialisés dans ces domaines. Antoine Bonfait est responsable des droits étrangers chez Armand Colin. Il répond aux questions de Radio Prague.

Photo: Anne-Claire Veluire
« Chaque éditeur a des catalogues qui ont des lignes fortes qui sont différentes. Chez Armand Colin, on a une collection de cinéma qui semble intéresser des éditeurs, donc je vais en rencontrer tout à l’heure. Sinon, c’est plutôt la sociologie, la philosophie, et surtout l’histoire qui intéressent. Ces trois disciplines des sciences humaines sont les disciplines que l’on retrouve aussi bien au Brésil qu’en Chine. Ce sont un peu les disciplines phares des sciences humaines françaises. Ce qui peut nous intéresser dans les catalogues des éditeurs tchèques est plus difficile à déterminer car il y a moins en France de personnes qui lisent la langue tchèque que de Tchèques qui lisent le français. Et on a ainsi besoin des ces contacts avec les éditeurs pour qu’ils nous aiguillent un peu, qu’ils nous présentent ce qu’ils ont publié et ce qui est intéressant au niveau de leurs recherches et de leurs publications, pour savoir si ça peut présenter un intérêt pour un éditeur français de montrer justement que dans l’Europe, il y a d’autres théories philosophiques ou sociologiques qui se développent en Europe centrale et qui peuvent faire l’objet d’une traduction française. »

Sur les domaines qui vous avez évoqués, les domaines phares que sont la sociologie, la philosophie ou l’histoire, et parmi les auteurs français qui sont édités en République tchèque, retrouve-t-on toujours les grands noms de ces disciplines – Foucault, Bourdieu, Baudrillard – ou voyez-vous une demande pour des chercheurs plus jeunes qui ne sont pas aussi renommés ?

« Il est vrai que les auteurs cités sont déjà traduits en tchèque, et nous sommes ici plutôt avec de nouveaux auteurs, de nouveaux chercheurs, de nouveaux enseignants. On cherche à les faire connaître, ce qui n’est pas toujours facile. Aujourd’hui, dans les sciences humaines françaises, il y a aussi de jeunes auteurs, qui ne sont pas forcément jeunes au niveau de l’âge mais qui n’ont pas encore été traduits comme leurs prédécesseurs. Mais c’est aussi notre rôle d’essayer de montrer ce qu’ils apportent dans les sciences humaines françaises et l’intérêt qu’ils peuvent avoir dans la suite de leurs pairs auprès d’éditeurs tchèques. »

Les sciences sociales françaises ont parfois tendance à être critiquées pour un côté assez ‘franco-centré’. Les chercheurs français font beaucoup de recherches basées sur le contexte français, sur des terrains français, sur des questions nationales. Est-ce que cela pose un problème pour exporter à l’étranger ?

« C’est vrai qu’il y a beaucoup de travaux de recherches qui se concentrent sur la France. Nous publions environ 120 nouveaux titres par an et c’est moi qui suis chargé de voir ce que l’on peut proposer aux éditeurs étrangers. Disons qu’un tiers des ouvrages passent ce niveau de censure. Un bon argument aussi que l’on présente aux éditeurs étrangers, c’est lorsque justement, un livre a déjà été publié en plusieurs langues étrangères. On peut leur dire que dans ces conditions, il n’y a pas de raison que cela ne puisse pas intéresser un éditeur tchèque et son public puisque l’ouvrage peut avoir été traduit aussi bien en brésilien qu’en chinois, en allemand qu’en espagnol. »