La Tchéquie face au début d’une épidémie de grippe H1N1
Le dernier bulletin du Service d’hygiène tchèque publié jeudi indique qu’en l’espace d’une semaine, près d’une centaine de nouveaux cas de grippe H1N1 ont été recensés dans le pays. A ce jour, la grippe A a touché 486 personnes. Quatre écoles ont été fermées et on déplore deux victimes. Le début d’une pandémie étant prévu pour la mi-décembre, la polémique se transporte désormais sur les lenteurs avec la distribution des vaccins qui n’arriveront en Tchéquie que vers la fin de la semaine prochaine.
La région la plus touchée est celle de Karlovy Vary, dans l’ouest de la Bohême, où trois écoles ont été fermées, et une autre encore dans la région de Moravie-Silésie. C’est aussi à Karlovy Vary que le premier décès lié à la nouvelle forme de grippe a été enregistré. Ce jeudi, un homme souffrant de leucémie est mort des suites des complications dues à la grippe A à l’hôpital de Vinohrady à Prague. Deux autres patients hospitalisés avec lui au service d’hématologie- oncologie, ainsi qu’un médecin et deux infirmières ayant été en contact avec cet homme, ont contracté le virus. Ce cas a ravivé l’intérêt du public pour les mesures de prévention et les vaccinations. Invité jeudi sur le plateau de la télévision publique, le chef du service hygiénique national, Michael Vít, a confirmé que le virus commençait à se répandre dans le pays et qualifié la situation sanitaire de début de pandémie qui devrait éclater à plein à la mi-décembre:
«Nous sommes réellement face au début d’une épidémie de grippe aussi bien saisonnière que pandémique, et il faut souligner que le virus A se propage plus massivement que celui de la grippe conventionnelle. Si la Tchéquie est restée jusqu’à présent relativement épargnée, la situation commence à approcher celle en cours dans les pays voisins comme l’Autriche, qui compte 30 000 malades. C’est dire que nous devons nous préparer en République tchèque également à une épidémie de grippe A et à un accroissement du nombre de cas au cours des semaines à venir.»
En ce moment, il n’ y a pas de raison de recourir aux mesures exceptionnelles de prévention, du fait qu’avec les 1500 cas de grippe A pour 100 000 habitants, le seuil d’épidémie n’a pas encore été franchi, observe Michael Vít. Entre-temps, une polémique s’est créée au sujet de la sûreté des vaccins et de leurs éventuels risques d’ordre neurologique. Une chose est sûre, selon lui: les vaccins seront administrés pour deux groupes de population clairement définis : les patients chroniques, et les professions de première utilité pour le fonctionnement de l’Etat.La question qui se pose plutôt est de savoir si cela est suffisant de vacciner 20% de la population. On écoute Vilma Marešová, médecin chef de la clinique des maladies infectieuses de l’hôpital pragois Na Bulovce:
«C’est certainement suffisant pour arrêter la propagation du virus. Le vaccin, s’il s’avère efficace et que sa production continue, pourra être commandé également pour le reste de la population. Car il est question en ce moment de la première vague épidémique, avec une culmination prévue, en principe, au bout de six semaines, après lesquelles elle est interrompue avant que d’autres vagues ne s’en suivent encore.»
La Tchéquie a commandé un million de vaccins à la société Glaxo-Smith-Kline et les premières doses devraient être fournies au plus tard la dernière semaine de novembre.